"Il faut ouvrir les perspectives de l'éco-conception", Christian Caye, délégué au développement durable du groupe Vinci

A l’heure d’ouvrir la première université de la «chaire d’éco-conception des ensembles bâtis et des infrastructures» (2-3 octobre), Christian Caye, délégué au développement durable du groupe Vinci, fait le point sur la chaire et dessine le contour de l’éco-conception.

Quel bilan tirez-vous à l’entame de la cinquième année d’existence de la chaire «Eco-conception des ensembles bâtis et des infrastructures» (1) ?

Le bilan est très positif. S’attaquer à une problématique aussi vaste n’était pas gagné d’avance. Je rappelle que notre ambition était de créer des outils de mesure et de simulation qui intègrent toutes les dimensions de l’éco-conception et permettent aux décideurs (maîtres d’ouvrage, élus, maîtres d’œuvre, constructeur…) de disposer de bons outils d’aide à la décision… Et les apports de la chaire sont nombreux notamment sur l’amélioration des bases de données environnementales, la rénovation thermique des bâtiments, la création et l’utilisation d’outils d’Analyse de Cycle de Vie des quartiers, de modélisation de la biodiversité en ville ou encore de l’éco-conception du stationnement.

Comment la collaboration entre Vinci et les trois écoles de Paristech s’est-elle faite ?

Outre son soutien financier, Vinci a apporté sa vision «du terrain». De leur côté, les chercheurs et enseignants de ParisTech ont intégré dans leurs travaux les trois axes prioritaires de la chaire. A savoir : « évaluer la qualité environnementale des bâtiments et des quartiers », « analyser le cycle de vie des infrastructures de transport et leurs impacts » et enfin « agencer les bâtiments et les transports et réguler leur usage pour une protection optimisée de l’environnement ». Comme dans toute nouvelle collaboration, il a fallu apprendre à se connaître, poser des jalons communs. Et les résultats montrent que nous y sommes parvenus.

Quelle est l’ampleur des travaux de recherche menés ?

Nous avons traité une vingtaine de sujets (correspondant à autant de doctorants ou post-doctorants) qui vont des indicateurs d'éco-conception pour les quartiers durables à l’impact environnemental du transport routier en passant par les indicateurs de biodiversité en ville ou l’intérêt des smartgrids. Chaque sujet traité a donné lieu à communication, à des ateliers voire pour certains thèmes à des modules de formation. Le fait d’avoir une chaire d’éco-conception clairement identifiée a également permis de mieux rayonner, notamment à l’international avec l’invitation de professeurs étrangers, la participation à des colloques internationaux…

Les filiales du groupe Vinci ont-elles joué le jeu ?

Après un nécessaire travail de sensibilisation, les filiales de Vinci ont apporté leur soutien : en proposant des terrains d’expérimentations (par exemple l’A19), des sites pilotes… En accueillant des chercheurs et des étudiants. Certains collaborateurs de Vinci ont aussi participé à la conception des modules de formation.

Les acteurs de l’aménagement du cadre de vie sont-ils suffisamment matures pour intégrer l’éco-conception dans leur démarche ?

Je pense que l’éco-conception est désormais inscrite dans le paysage. Nous ne sommes plus dans la période d’apprentissage. La thématique est connue, assez fédératrice et ne limite plus la réflexion à la seule composante environnementale. Néanmoins, il va falloir maintenant gagner en maturité et changer d’échelle. Penser le quartier, la ville et parler de programmation durable.

Pour changer d’échelle de réflexion, ne faut-il pas revoir la gouvernance des projets ?

C’est vrai qu’un des freins assez évidents à une approche globale d’éco-conception, c’est la multiplicité des acteurs. Des acteurs qui n’ont pas le même niveau de connaissances sur le sujet et qui, parfois, ont des objectifs respectifs contradictoires. Nous n’avons pas l’ambition de révolutionner la planification urbaine, ni de simplifier le millefeuille territorial mais nous pensons qu’en sensibilisant chaque acteur et en lui fournissant des outils d’aide à la décision performants et homogènes, la gouvernance des projets sera plus efficace. A défaut d’être plus simple.

L’éco-conception doit-elle explorer de nouvelles voies ?

Personnellement, je pense qu’il faut continuer sur les voies actuelles et en explorer d’autres. Pourquoi ne pas se pencher sur la socio-économie des territoires ? Pourquoi ne pas intégrer de nouvelles spécialités ? Des socio-économistes, des urbanistes voire, sur certains sujets, des anthropologues… Il faut ouvrir les perspectives de l’éco-conception sans pour autant se disperser. C’est une des questions auxquelles nous tenterons de répondre lors de cette première université.

Newsletter Week-End
Nos journalistes sélectionnent pour vous les articles essentiels de votre secteur.
Les services Le Moniteur
La solution en ligne pour bien construire !
L'expertise juridique des Éditions du Moniteur
Trouvez des fournisseurs du BTP !
Détectez vos opportunités d’affaires