« Il faut organiser les filières de matériaux bio-sourcés en leur donnant les moyens de se battre à arme égales avec les produits de construction traditionnels »

A l'occasion des 2èmes Assises Constructions et Bioressources du 13 au 15 juin à Sens (89), Jean-Michel Grosselin, chargé de mission « pour les filières vertes » « bâtiment à faible impact environnemental » au MEDDE (Ministère de l’écologie, du développement durable et de l’énergie) détaille les enjeux et les travaux engagés pour structurer les filières des matériaux bio-sourcés. 

 

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Jean-Michel Grosselin, Chargé de mission pour les "filières vertes" au MEDDE

Les matériaux et produits bio-sourcés à destination des marchés de la construction et du bâtiment connaissent une réelle dynamique jamais vue auparavant, liée en partie aux effets du Grenelle de l’environnement : le ministère de l’écologie a mis en place un groupe de concertation réunissant à la fois les pouvoirs publics et des acteurs professionnels. De cette réflexion est ressorti un manque de structuration, de visibilité et de représentativité de ces filières. Ce contexte est à l’origine de la création de l’association « Constructions & Bioressources » en septembre 2011 qui rassemble l’ensemble des acteurs : les fabricants, les collectivités territoriales, les centres de recherches, les universités. Mais aussi les organisations professionnelles comme la FFB qui vient d’adhérer.

« Constructions & Bioressources » est désormais l’interlocuteur privilégié vis-à-vis des pouvoirs publics. Parmi ses missions, l’association est chargée d’organiser des assises. En 2011, le 1er Congrès C&B a validé la mise en place d’un plan d’action concerté initié par le ministère du développement durable. Il est prévu cette année de faire un premier bilan de l’avancement de ce plan lors des 2èmes assises et d’engager une réflexion sur les dynamiques portées par les territoires, les filières et les entreprises.

L’objectif est d’organiser ces filières, en leur donnant les moyens de se battre à armes égales avec les produits de construction traditionnels. Il faut ainsi mieux connaître et démontrer le bien-fondé de ces matériaux et les solutions constructives associées en apportant les preuves de leurs avantages et de leurs performances techniques et environnementales. Pour cela, il est nécessaire de travailler de manière professionnelle en respectant les critères de performances et d’évaluation pratiquée sur les matériaux conventionnels.

La démarche d’évaluer et de qualifier ces matériaux permettra également de lever les freins de l’assurance. On lèvera les préjugés dans ce domaine en apportant des preuves expérimentales et scientifiques. Ce qui nous permettra aussi de sortir des images d’Epinal persistantes où ces matériaux seraient réservés à des auto-constructeurs ou à des écolos doux rêveurs. Il faut bien comprendre que plus les filières seront structurées, plus elles progresseront en matière d’innovation.

Par exemple, le CETE d’Ile-de-France réalise actuellement des fiches de déclarations environnementales et sanitaires (FDES). Dans ce domaine, ces éléments sont très partiels et relèvent plus d’allégations que de faits démontrés (par exemple matériau sain, produit écologique, etc). L’absence de ces fiches de déclaration environnementale pourrait devenir un vrai obstacle y compris réglementaire. Ces fiches seront ensuite validées par un organisme indépendant tel que l’Afnor. Une FDES paille est prévue d’ici la fin de l’année, et en 2013, l’essentiel des filières seront dotées de FDES.

En matière de R&D, les efforts sont conséquents. Un vaste programme de recherche sur quatre ans est engagé par l’IFSTTAR (Institut français des sciences et technologies des transports, de l’aménagement et des réseaux) sur la thématique des matériaux bio-sourcés. Les recherches portent sur la durabilité des matériaux bio sourcés, les bétons végétaux, les matériaux composites à fibre végétale, la paille porteuse, etc.

La formation est également au cœur des enjeux : un état des lieux des formations dans le bâtiment intégrant les modules éco-constuction est en cours de réalisation.

A noter aussi la mise en place par l’institut des métiers d’un portail d’information, prévu d’ici fin 2012, à destination de l’ensemble des professionnels.

On constate une forte demande pour la ouate de cellulose et la laine de bois : les sont produits connus, caractérisés avec des avis techniques, et sont fabriqués industriellement. Le chanvre est une filière très structurée avec des règles professionnelles élaborées en 2009 et un programme de formation bien établi. La paille rentre également dans une phase de maturité : les règles professionnelles viennent d’être publiées après un travail de fond de 4 ans.

Dans l’ensemble, pour la plupart de ces matériaux, apparaissent des systèmes constructifs industrialisés. Il n’y a plus qu’à attendre que les industriels s’emparent de ces innovations.

Ce plan d’action vise effectivement à démontrer qu’il y a une composante socio-économique forte en développant des bassins de production. C’est le cas de la Bourgogne et de la région Centre très actives dans le domaine de la paille et du chanvre. En PACA, une filière laine de mouton est en cours de structuration. Il y a aussi dans cette région une réflexion, encouragée par les pouvoirs publics, pour valoriser les déchets de paille de lavande.

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