HQE 3/11 Un chantier propre sur un site industriel

Qu’il s’agisse de relier la future faculté au campus et au centre-ville, de la réduction des démolitions et du recyclage des déchets ou de l’utilisation de panneaux solaires photovoltaïques (1), les performances environnementales du grand chantier universitaire mulhousien découlent du choix politique de préserver la mémoire industrielle de la ville. Le suivi national favorise la formalisation d’une démarche spontanée.

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L’ancienne fonderie de la Société alsacienne de construction mécanique est entrée dans la Haute qualité environnementale (HQE) comme Monsieur Jourdain dans la prose. Les préoccupations écologiques n’ont pas présidé au choix de reconvertir ce bâtiment pour y loger la faculté des sciences économiques, sociales et juridiques de l’université de Haute Alsace. Pourtant, les cibles HQE visées par ce chantier résultent du choix de la réhabilitation, dicté par la volonté de préserver la mémoire industrielle de Mulhouse.

Le maître d’ouvrage n’a véritablement pris la pleine mesure du potentiel environnemental du chantier qu’après sa sélection dans le cadre de l’appel à projets « démarches HQE et bâtiments tertiaires », lancé en 2002 (2) .

Réflexes écologiquesspontanés. « Dès la phase de programmation, les auditeurs du Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) nous ont fait remarquer que nous pouvions viser un niveau “très performant” pour l’intégration dans le site, alors que nous ne prétendions qu’à un niveau “performant” », note Emile-Jean Wybrecht, directeur de l’Agence locale pour la maîtrise de l’énergie (ALME), assistant du maître d’ouvrage. Cette reconnaissance a renforcé la position de la Fonderie dans une sélection qui suppose 7 notes « performant » ou « très performant », parmi les 14 cibles de la démarche HQE (voir la liste des 14 cibles dans « Le Moniteur » n° 5301 du 1er juillet, p. 63).

Au stade du choix du maître d’œuvre, d’autres réflexes écologiques spontanés ont placé le projet sur la voie de l’exemplarité : « Entre les deux très beaux projets qui restaient en lice, le maire a fait pencher la balance vers celui qui provoquait le moins de démolitions, afin de diminuer la gêne des riverains », note Didier Plas, chef de projet à la Société d’équipement de la région mulhousienne, maître d’ouvrage délégué par la ville.

En proposant l’élargissement du périmètre du projet, ce qui a entraîné une révision du plan d’aménagement de la ZAC Fonderie, l’architecte Christian Plisson a renforcé l’intégration au site : un cheminement piétonnier et cyclable matérialise le rôle d’articulation joué par la future faculté, entre le campus périphérique et le centre-ville. La démolition de l’ancienne chaufferie accentue l’ouverture du bâtiment vers le quartier, grâce à un nouvel alignement par rapport à une rue voisine.

Recyclage des déblais. L’écologie urbaine a aussi trouvé son compte dans le recyclage d’une partie des déblais et matériaux de démolition, transformés en merlon de protection contre les impacts sonores de la voie ferrée voisine. Disposant d’un espace suffisant du côté de la fonderie opposé aux habitations, l’entreprise Semaco a installé un concasseur mobile qui a limité les navettes de camions. Des tests de lixiviation et une élimination rigoureuse des matériaux pollués ont précédé le réemploi des anciennes dalles les plus propres.

Depuis la fin des travaux préparatoires, l’objectif de réduction des nuisances se concentre sur les déchets. « Nous n’avons enregistré aucun refus de benne », se réjouit Mohamed Herzi, conducteur de travaux chez Zimmer. Pour atteindre ce résultat, l’entreprise a affecté trois bacs de 500 l à chaque poste de travail, ce qui limite les allers-retours vers les bennes destinées aux gravats, au papier, à l’acier, au bois et aux déchets dangereux. Les eaux de lavage font l’objet d’une décantation préalable à leur rejet dans le réseau, et des bacs recueillent les huiles de décoffrage.

Inertie thermique : « l’effet de bulle ». En limitant les démolitions, le projet de Christian Plisson optimise « l’effet de bulle » : l’inertie au bâtiment contribue à situer l’énergie parmi les cibles prioritaires de l’opération. L’intégration architecturale des 300 m2 de panneaux photovoltaïques repose sur des brise-soleil installés en toiture et visibles au-dessus des verrières. A un an de la livraison prévue, le maître d’ouvrage identifie déjà une piste d’amélioration de sa démarche HQE : « En raison de la simultanéité entre la certification ISO et la certification environnementale, nous avons appris à formaliser nos objectifs en cours de route », constate Didier Plas. Favorisée par le télescopage entre les deux démarches, la formalisation d’une approche spontanée constitue sans doute l’un des acquis majeurs de la désignation de la fonderie comme réhabilitation de référence pour une approche HQE des bâtiments tertiaires.

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