La société d’économie mixte thermale d’Evaux-les-Bains (Creuse) a pu compter sur les Certificats d’économie d’énergie (CEE) pour boucler le montage financier de son grand projet en voie d’achèvement : société de services spécialisée dans la maîtrise de l’énergie, Hellio a pu valoriser 54 390 € issus de cette source, sur les 2,5 M€ exigés par la rénovation de la piscine et du Spa. L’achèvement de ces travaux, en octobre prochain, apportera son point final à la réhabilitation lourde de l’ensemble du complexe thermal, une opération de 9,3 M€ placée sous la maîtrise d’œuvre de Cent7 Architecture.
Pépites thermales
Cet exemple illustre la place des trésors patrimoniaux dans le marché porteur de la rénovation des piscines publiques. Hellio y contribue sous deux angles : le montage financier à travers les CEE ; l’ingénierie technique via Akéa Energies, bureau d’études intégré au groupe depuis 2014. Nancy Thermal (Meurthe-et-Moselle) et Les Grands thermes de la Bourboule (Puy-de-Dôme) figurent également parmi les monuments prestigieux dont Hellio a contribué à la renaissance récente.
Sa double casquette financière et technique lui a déjà permis de participer à 120 chantiers de rénovation énergétique de piscines publiques au cours des cinq dernières années. Le prestataire de services présent dans 3000 communes en vise 8000 d’ici 2026, ce qui portera son effectif spécialisé dans le tertiaire public à 70 personnes au lieu de 25. Si les piscines ne représentent que 10 % de ce marché en nombre d’opérations, elles pèsent pour près d’1/4 du chiffre d’affaires.
Récupération de chaleur
Ce poids relatif s’explique aisément : aux défis communs à tous les bâtiments tertiaires, les piscines ajoutent leurs spécificités énergétiques. Ce cumul impacte les programmes de travaux : le traitement de l’isolation, le remplacement des vieilles chaudières au fuel et des menuiseries ne constituent qu’un préalable.
S’y ajoutent des prestations de récupération de chaleur de mieux en mieux maîtrisées : celle des eaux usées, mais aussi celle des strates d’air proches des plafonds. Autant de solutions qui requièrent des trésors d’ingéniosité, lorsqu’il s’agit de les mettre en œuvre dans les monuments historiques du patrimoine thermal.
Héritage énergivore
Parmi les 4000 piscines publiques françaises, les 70 % d’ouvrages énergivores construits avant 1995 donnent la mesure du marché. Le boom des coûts de l’énergie, après le déclenchement de la guerre en Ukraine, a donné le signal de son emballement : « De nombreuses collectivités ont réduit leur plage d’ouverture. Elles ont alors saisi l’importance de trouver des solutions pérennes », analyse Augustin Bouet, directeur des Grands comptes chez Hellio et directeur d’Akea Energies.
Plusieurs échéances réglementaires et techniques ont stimulé cette prise de conscience. Le décret tertiaire impose 40 % d’économies d’énergies en 2030. Des financements d’Etat ouverts en 2022, pour le raccordement à des réseaux de chaleur, supposent des chantiers bouclés en 2026. Ce dispositif a accéléré la pénétration d’Hellio dans les collectivités rurales.
Du technique au sociétal
Last but not least : à compter du 1er janvier 2027, le décret Building Automation and Control System (Bacs) systématisera la gestion technique des bâtiments, associée à des équipements de monitoring, dans tous les bâtiments publics équipés d’une puissance de plus de 70 kW, pour la chaleur ou le froid. « Cette disposition concerne l’immense majorité du patrimoine communal », souligne Augustin Bouet.
Derrière les aspects techniques, le directeur des grands comptes d’Hellio rappelle la situation des piscines, au carrefour de plusieurs enjeux politiques : attractivité des territoires, mixité sociale, santé publique, priorité à la réhabilitation, sobriété... Comme souvent, la maîtrise de l’énergie sert de révélateur aux modèles sociétaux.