Premier musée d'art contemporain africain, le MoCAA s'inscrit dans la requalification en quartier de luxe d'une partie du port du Cap. Il s'établit sur l'emprise d'entrepôts maritimes dont le bâtiment le plus impressionnant est un ensemble de 42 silos à maïs abandonné ; flanqué d'une tour qui domine le port depuis 1921. Le projet a l'envergure de l'usine électrique londonienne reconvertie en Tate Modern. Son rôle iconique repose autant sur les châssis prismatiques, ciselés comme des diamants, qui remplacent les anciennes baies que sur l'atrium creusé dans la masse des silos. Le parvis se déploie côté ouest, ménageant une série de vieux sheds qui forment une ombrelle devant l'entrée, tandis que le hall communique avec l'atrium.
La forme archétypale cylindrique d'une douzaine de tubes a été grignotée suivant un contour ovoïde qui se creuse vers le sous-sol et monte presque jusqu'en haut des silos.
L'ouvrage de béton est ainsi débarrassé de son rationalisme initial au profit d'une sculpture parcourable à la géométrie complexe. Grâce à des gabarits en bois épousant les contours circulaires définis par l'architecte, les tubes à découper ont été chemisés par un béton ultrarésistant. Une fois les nouvelles coques sèches, les disqueuses ont pu trancher le béton ancien, révélant son épaisseur et sa riche modénature de graviers. Cette intervention n'est pas sans rappeler les œuvres de Gordon Matta-Clark. Deux ascenseurs vitrés et un escalier en colimaçon se glissent dans les silos. Ailleurs, ils laissent place à de grandes salles totalisant 6 000 m2 d'exposition. Au R+6, le toit-terrasse se transforme en jardin de sculptures, en contrebas du restaurant panoramique.
MAÎTRISE D'OUVRAGE : V&A Waterfront, Zeitz MoCAA
MAÎTRISE D'ŒUVRE : Thomas Heatherwick, architecte mandataire ; VDMMA, architecte d'opération ; Jacobs Parkers et Rick Brown, architectes associés
SURFACE : 9 500 m2
COÛT : 31 M€
MATÉRIAUX : béton brut, chape ciment noir, ascenseur panoramique en verre
LIVRAISON : 2017
