Emballé dans une combinaison à travers laquelle rien ne peut filtrer, relié à son système de ventilation assistée lui permettant de respirer et équipé de capteurs de mesure du niveau d’empoussièrement amianté, l’agent de l’entreprise Vallée Peinture se tient prêt à intervenir.
Nous sommes à Corbie (Somme), au premier étage d’un immeuble vidé de ses occupants. Six appartements d’un bâtiment voué à la démolition sont mis à disposition par la SIP, bailleur social picard. Sa mission: déposer les carreaux constituant une plinthe fixée avec de la colle amiantée.
Procédé expérimental
Le procédé, encore expérimental, est une première pour lui. Les gestes sont lents et méticuleux. Après l’installation et le nettoyage d’une zone de protection au sol, un gabarit est installé contre la plinthe. Il sert à récupérer le gel haute densité mis au point par Easy Gel Technical Expertise qui servira à contenir les matériaux contaminés lors de la dépose.
«Les matériaux sont ainsi agglomérés dans la masse avant d’être acheminés en centre spécialisé de traitement des déchets», indique Isabelle Monnerais, responsable d’opération des risques chimiques et du projet Carto Amiante à l’OPPBTP, l’organisme professionnel de prévention du bâtiment et des travaux publics.
Quatre modes opératoires testés
L’opération, se déroulera deux fois sur une durée de 50 minutes. «Et répétée avec dix entreprises et dix laboratoires différents pour nous assurer de l’obtention de résultats exploitables afin de fiabiliser les données finales et le mode opératoire, ajoute Isabelle Monnerais. Les premiers résultats sont attendus vers la mi-juin.»
Le décollement de plinthes, la dépose de dalles de sol, le vissage et dévissage d’équipements sur dalles de sol contenant de l’amiante et encore le carottage sur dalles avec colle amiantée ou ragréage amianté, sont les quatre modes opératoires testés lors de cette campagne de chantiers de mesure amiante.
L’utilisation du gel permet à chaque fois d’étudier les techniques d’intervention et les taux d’empoussièrement. Il s’agit aussi de limiter le risque de contamination du personnel, d’afficher une ambition zéro fibre amiante, d’optimiser les conditions de travail et de gérer les risques environnementaux.
Un projet novateur et fédérateur qui rassemble 17 bailleurs sociaux
«Atteindre un objectif travaux sans dépasser une enveloppe de financement initiale, est aussi ce qui intéresse les bailleurs sociaux qui ont signé la convention interbailleurs en mars dernier», indique Sabrina Guina, chef de projet amiante pour la Maison du Cil qui porte le dossier initié par l’Union régionale pour l’habitat.
Ainsi, 17 bailleurs sociaux des Hauts-de-France qui représentent 60% du parc social locatif de la région sont aujourd’hui partenaires(1) et c’est une première. «Les tests réalisés devront être validés pour atteindre une nouvelle réglementation basée sur des processus et démarches innovants, poursuit la chef de projet. Ces derniers pourront ensuite être généralisés à l’ensemble des entreprises et acteurs en lien avec le volet prévention des risques amiante.» A terme, il s’agit aussi de faire monter en compétence les entreprises et de former les agents selon des réglementations toujours évolutives. On attend déjà les résultats.
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