Une école de quatre classes est construite à Châteauneuf-la-Forêt en Haute-Vienne, en utilisant du lin comme matériau d'isolation thermique et phonique. Il s'agit d'une première en France dans un bâtiment public. Pour l'architecte Jean-Jacques Bélézy, « l'objectif est de réaliser une construction exemplaire dans cette commune rurale dont l'histoire économique est marquée par le bois et la pâte à papier ».
Le bâtiment est à ossature bois, avec une charpente en lamellé-collé et des panneaux de façade recouverts de bardages en clins de pin traités. Les cloisonnements sont en plaques Fermacell, fabriquées avec du gypse brut et des fibres de cellulose obtenues à partir du papier recyclé. Le matériau d'isolation est en ouate de lin, un produit mis au point et fabriqué par une petite entreprise de Haute-Vienne, Textinap.
Entièrement recyclable
La première présentation du produit, sous la marque Natilin, avait eu lieu au dernier salon Batimat (« Le Moniteur » du 21 novembre 1997). Le produit, toujours en cours d'homologation par le CSTB en France, est exporté depuis un peu plus de deux ans en Allemagne où il bénéficie de l'agrément DIBT.
Longtemps cantonnée dans un rôle de « laboratoire » de création de produits à base de fibres naturelles d'origine animale ou végétale, Textinap franchit une étape avec ce produit grand public. Jusqu'à présent, elle a surtout élaboré des matériaux non tissés, dont certains très techniques, destinés à divers usages dans l'automobile ou l'ameublement.
Un investissement de dix millions de francs
Pour son P-DG, Christian Auque, « Natilin est un produit performant et respectueux de l'environnement. Naturel, il est entièrement recyclable ». Il demeure néanmoins deux à trois fois plus cher que les produits industriels.
Pour le fabriquer, Textinap (22 salariés, 18 millions de francs de chiffre d'affaires) a investi 10 millions dans un outil de production à Champsac en Haute-Vienne. Alors que 100 000 m2 ont été commercialisés l'an dernier, l'usine peut monter à un million de mètres carrés. Des fibres de lin courtes - celles qui ne sont pas utilisées par l'industrie textile - donnent une matière brute, traitée au sel minéral puis cardée de manière à parvenir à une ouate. Différentes phases se succèdent, dont le traitement non feu, pour donner la texture aérée et le gonflant. Le produit est ensuite conditionné en rouleaux, en plaques ou en vrac. Il existe en ouate et en feutre.
Christian Auque mise sur les qualités naturelles de Natilin pour répondre à la nouvelle demande de produits respectueux de l'environnement et pour prendre pied sur le marché des constructions techniques. En plus de ses qualités d'isolation, Natilin protège, par exemple, des courants électromagnétiques.
Contacts : Textinap, 4, rue Martial-Vardelle, Limoges ;
tél. : 05.55.01.46.67.
L'Echelle humaine, Jean-Jacques Bélézy, 49, avenue des Coutures, Limoges ; tél. : 05.55.34.73.90.
PHOTO : Jean-Jacques Bélézy, l'architecte, (à g.) et Christian Auque, P-DG de Textinap, avec Jean-Pierre Bonneval, maire de Châteauneuf.