Quatre-vingts ans après sa création, le mémorial de Morette est en voie de requalification à La Balme-de-Thuy (Haute-Savoie). « A proximité immédiate de la nécropole nationale, propriété de l'Etat, différents éléments sont venus, au fil du temps, se greffer au chalet de la Résistance. Faute de vision globale, cet ensemble ne répond plus aux besoins et n'est pas à la hauteur du devoir de mémoire », expose Martial Saddier, le président du conseil départemental, maître d'ouvrage.
Intitulé « En lisière d'horizon », le projet retenu porte sur la construction d'un bâtiment aux lignes architecturales fortes venant épouser la forme du site qui s'étire le long de la route départementale. Il comprendra différents pôles - accueil, café, salle de conférences, deux ateliers pédagogiques pour les scolaires et espace d'exposition temporaire à proximité des locaux logistiques - qui seront reliés entre eux par une sorte de rue intérieure pensée pour canaliser les flux. Dédié à l'histoire du maquis des Glières, à la libération de la Haute-Savoie et aux combattants tombés au combat, l'espace d'exposition permanent prendra place à l'étage.
« La charpente à trois pans sera plissée afin de créer une lucarne offrant des vues sur la paroi rocheuse voisine et d'apporter de la lumière. Nous allons tester la possibilité de la recouvrir de grandes tuiles de terre cuite beige fabriquées avec l'argile présente dans le sous-sol », indique Elise Fauquembergue, architecte chargée de la direction du projet au sein de l'agence Kengo Kuma & Associés, lauréate du concours d'architecture. Le groupement associe également Archipat (architecte du patrimoine), AIA Ingénierie (ingénieur tous corps d'état, économiste), AIA environnement (environnement), Peutz (acoustique), AC&T (paysagiste), AMF (scénographie) et Laura Gaudenzi (muséographe).
« Révéler le sol ». Dans le même esprit, des études vont être conduites en vue d'utiliser les agrégats de la rivière voisine, le Fier, pour constituer le socle minéral du nouvel édifice. « Le mémorial de Morette repose sur la plaine alluviale du Fier, à la lisière de deux écosystèmes : de plaine et de relief. Il s'agit de révéler ce sol dans lequel les héros de la résistance en Haute-Savoie ont été inhumés. Et de cette argile leur élever un monument pour y raconter leur histoire individuelle au travers de la grande Histoire », poursuit Elise Fauquembergue.
Les travaux, dont la livraison doit intervenir en mars 2027, mobilisent 7,3 M€ HT pour une surface bâtie de 1 779 m². Ils englobent la restauration complète du chalet de la Résistance qui sera épuré des ajouts et transformations réalisés au fil des années. Sa simplicité originelle permettra aux visiteurs de se plonger dans la vie quotidienne des maquisards. « Alors que nous n'avons plus de rescapés vivants, le site de Morette constituera un marqueur indispensable de la Seconde Guerre mondiale en Haute-Savoie, le premier département français à s'être libéré par ses propres forces suite au parachutage des Glières », complète Martial Saddier.
