« Nous nous sommes inscrits depuis longtemps contre le projet de l’A69, nous avons lutté, manifesté et nous nous sommes rapprochés de collectifs qui se créaient. Leur projet d’alternative à l’autoroute en modernisant la N126 a fait écho », relate Laurent Ferlicot, le maire de Loubens-Lauragais, un village de 460 habitants à une trentaine de kilomètres au sud-est de Toulouse, sur la route de Castres (Haute-Garonne). « On produit quelque chose de ces moments de lutte », se réjouit-il. C’est effectivement sur le terrain de la lutte, au cours de ces manifestations, qu’est né le projet Loubens 2050, issue de la philosophie du projet alternatif à l’A69 « Une Autre Voie », notamment portée par l’urbaniste Karim Lahiani, le directeur de l’agence d’urbanisme et de paysage Le Vent se lève, par ailleurs lauréat du Palmarès des jeunes urbanistes 2024. Son agence s’est associée à l’AMO Ouvrages et Patrimoine, ainsi qu’aux architectes de l’Atelier du Goupil pour élaborer le plan-guide du village.
Dynamique
« Nous souhaitons ainsi explorer de nouveaux récits pour ces territoires, il y a beaucoup de choses à inventer pour créer de la richesse sur place », explique Karim Lahiani. Il s’agit de s’appuyer sur un projet de vie villageoise qui pourrait sortir de sa dépendance à Toulouse via la production agricole, le lien social et les commerces. « Avant, nous avions trois boucheries, deux cafés et une quincaillerie, ça a existé », pointe le maire dont le nombre d’habitants est passé de 750 au XIXe siècle, à 180 en 1968 pour remonter à près de 500 aujourd’hui… Il y a une dynamique à accompagner car le village attire, mais il ne recense ni logements vacants, ni foncier. La première étape vers ce développement est la réalisation d’une station d’épuration sur le village au second semestre 2025 afin de pouvoir ouvrir de nouvelles zones à urbaniser.
Résilience
Le volet le plus approfondi de l’étude menée par l’équipe de maîtrise d’œuvre urbaine porte sur l’agriculture. « Quatre des cinq agriculteurs de la commune partiront à la retraite dans les trois à sept ans, l’idée est de créer des petites parcelles et d’installer de jeunes agriculteurs », explique Laurent Ferlicot. Et ce, via la plantation de haies paysagères et la diversification des cultures. Dans l’étude, les équipes sont allées jusqu’à envisager différents scénarios liés au régime alimentaires des habitants afin de voir comment Loubens pourrait atteindre l’autonomie alimentaire.
Nous pourrions tester le vélo sur les départementales
— Laurent Ferlicot, maire de Loubens-Lauragais
La mobilité est un autre point majeur de ce futur plan-guide. « C’est elle qui conditionne notre résilience, précise le maire, car la sobriété énergétique s’impose. » Mobilité douce, véhicules intermédiaires de moins de 100 kg, covoiturage… « Nous pourrions tester le vélo sur les départementales », avance-t-il. Et Loubens accueillant une des deux écoles du regroupement pédagogique qui concerne quatre communes, « l’enfant peut être une clé d’entrée », ajoute-t-il. En somme, il veut du changement et propose Loubens-Lauragais pour en constituer le démonstrateur.
Le calendrier de Loubens est particulièrement intéressant pour mener cette réflexion car son PLU doit être révisé et le PLUI est envisagé. « Ce plan-guide nous donnera des orientations et nous permettra de peser pour le PLUI », estime le maire.
