L'inauguration, ce 14 octobre à Bendorf, de la première station d'ultrafiltration du Sundgau (Jura alsacien), pourrait susciter d'autres vocations. « Le comité de pilotage sur l'arsenic, présidé par le sous-préfet d'Altkirch, a pris connaissance des bons résultats de la station mise en service au début juillet. Or, les problèmes résolus ici se posent aussi dans les communes environnantes », analyse Guy Stehlin, vice-président du syndicat intercommunal pour l'eau potable (SIE) Ferrette-Bendorf (voir encadré ci-dessous).
Les deux communes ont créé ce syndicat en 1999 pour mettre leur eau potable en conformité avec la réglementation : les sources mobilisées jusqu'au début juillet produisaient une eau contenant 300 à 500 mg/l, alors que les normes actuelles exigent un seuil de 50 mg/l. La tolérance se réduira à 10 mg/l après 2003 dans l'Union européenne.
Ultrafiltration : la demande explose
Les élus ont dû chercher une solution compatible avec un contexte géologique difficile : le sol karstique d'où jaillit la nouvelle source induit d'importantes variations de turbidité et des fortes teneurs en bactéries. « Après les pluies d'automne, la turbidité des eaux brutes devrait atteindre jusqu'à 50 NTU (1). Elles sortiront de la station avec une valeur comprise entre 0,2 et 0,5 », prédit Olivier Brémond, ingénieur au service qualité membrane de Gaz et eaux.
Le choix du SIE ouvre un boulevard alsacien à la filiale du groupe Lyonnaise des eaux basée à Lods (Doubs), qui se présente comme la seule entreprise certifiée ISO 9001 dans le traitement d'eau par membranes d'ultrafiltration. Constructeur et exploitant de la station de Bendorf, Gaz et eaux possède de solides références dans la Franche-Comté voisine : également filiale de la Lyonnaise des eaux, Aquasource, pionnier mondial de l'ultrafiltration, a mis au point à Amoncourt (Haute-Saône), dès 1988, la technologie membranaire exploitée par Gaz et eaux.
Depuis lors, cette entreprise a installé dix-huit stations en Franche-Comté, contre deux seulement en Alsace. Mais Olivier Brémond, convaincu de produire « l'eau du troisième millénaire », constate une explosion de la demande dans l'Est : « Nous avons enregistré dix commandes en 1999, soit autant que durant les dix années précédentes ».
(1) Nephelometric Turbidity Unit.
Fiche technique
Maître d'ouvrage : SIE Bendorf-Ferrette.
Maître d'oeuvre : direction départementale de l'agriculture et de la forêt.
Entreprises : Schwob (canalisation), Gaz et eaux (équipements).
Capacité : 320 m3/jour.
Coût : 2,17 millions de francs hors taxes (330 800 euros).