Le Haut-Rhin a engagé sa course contre la montre pour respecter l'échéance de juillet 2002, date théorique du lancement des plans départementaux de gestion des déchets du BTP. La réunion animée le 30 mai à Mulhouse par Jean-Marc Bilger, nouveau président de l'union départementale des syndicats du BTP, a permis aux professionnels de mesurer les obstacles qui restent à franchir pour maintenir le cap.
« Le préfet s'est emparé du projet. Nous espérons tenir la première réunion d'une commission rassemblant l'ensemble des acteurs concernés d'ici au 15 juillet », annonce Marc Meneghin, ingénieur chargé de l'ingénierie des collectivités locales à la direction départementale de l'équipement du Haut-Rhin.
Fraisats routiers : un sujet qui fâche
Pour fixer les orientations du plan, le préfet du Haut-Rhin a demandé 45 731 euros (300 000 francs) de crédits d'études aux ministères de l'Equipement et de l'Environnement. Cette démarche éclairerait l'Etat sur les quatre points suivants : l'accueil et le stockage des matériaux terreux, l'état des lieux dans le domaine des déchets du bâtiment, moins bien cernés que ceux des TP, la promotion des produits recyclés et le réemploi des fraisats routiers.
Ce dernier point, encadré par un arrêté du préfet du Haut-Rhin depuis 1997, fait bondir Georges Lingenheld, nouveau président de la Fédération régionale des travaux publics d'Alsace : « Je regrette énormément que le Haut-Rhin reste le seul département de France où l'on se pose la question de savoir si les enrobés sont des matériaux inertes. » Le représentant des entrepreneurs souligne la perte de temps qui résulterait d'une telle étude, sur une question à son avis déjà tranchée par le ministère de l'Environnement. Les artisans du bâtiment expriment d'autres sujets de mécontentement : « La déchetterie de l'agglomération mulhousienne, théoriquement ouverte aux professionnels, refuse les plaques de plâtre. Jusqu'à quand l'entreprise Sorema les acceptera-t-elle ? » interroge Maurice Di Giusto, vice-président de la corporation obligatoire des installateurs sanitaires du Haut-Rhin sud.
P-DG de la Société de recyclage des matériaux (Sorema) implantée à Wittelsheim, Dominique Ferrari ne nie pas les problèmes posés par les capacités limitées du centre d'enfouissement technique de Retzwiller, exploité par Sital en aval de son centre de tri et de traitement. Mais ce pionnier alsacien du recyclage ouvre d'autres perspectives : « Il nous a fallu trois ans pour mettre en place une filière efficace dans le domaine des bétons, puis encore plusieurs années pour reproduire cette démarche en ce qui concerne le bois. Nous sommes sur le point de franchir une nouvelle étape spécifique aux produits du scalpage. Jusqu'ici, l'intégration de chaux entraînait une prise au bout de vingt-quatre heures, ce qui freine l'utilisation en travaux publics. Les tests que nous avons confiés à Laboroute sur un nouveau produit montrent un doublement de ce temps de prise. »
Cette innovation s'inscrit dans une stratégie que l'entrepreneur du Haut-Rhin partage avec toute la profession : convaincre les maîtres d'ouvrage des performances techniques des matériaux recyclés. A cette fin, Dominique Ferrari espère annoncer à court terme le lancement d'une opération de démonstration.