Grand Prix de l’urbanisme 2023 : Simon Teyssou, l’aménagement pas à pas

Implanté en Auvergne, l’architecte-urbaniste, directeur de l’école d’architecture de Clermont-Ferrand, a séduit le jury par sa démarche patiente de microprojets. Avec une prise en compte du contexte large et par ajouts successifs, l’Atelier du Rouget qu’il a fondé, parvient à redonner de la qualité à des territoires ruraux entiers.

Réservé aux abonnés
Image d'illustration de l'article
Simon Teyssou, Grand Prix de l’urbanisme 2023.

Le lauréat de l’édition 2023 du Grand Prix de l’urbanisme n’est pas un homme de grandes opérations. Désigné lauréat par un jury de professionnels et de personnalités qualifiées, réuni sous l’égide du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires en avril dernier, Simon Teyssou est plutôt de ceux, rares, qui façonnent de petites choses simples mais dont l’ampleur modeste s’avère inversement proportionnelle à l’effet produit à l’échelle d’un territoire.

Le Grand Prix, dont l’objet, depuis sa création en 1989, est de saluer toute démarche qui fait avancer la discipline, vient ainsi couronner l’engagement de ce professionnel à donner une valeur urbaine à toutes ses interventions. Avec constance, Simon Teyssou pratique un aménagement par addition de microprojets. De bâtiments en espaces publics, et jusqu’à la bordure des voiries, il parvient à offrir de la qualité à des espaces ruraux qui, faute de grands moyens, sont autrement réduits à des opérations sans cohérence et souvent médiocres.

Ce travail patient profite à un même territoire, l’Auvergne et alentour. Un champ d’action qui tourne autour du centre de gravité que représente l’Atelier du Rouget, installé au Rouget-Pers, dans le Cantal. Ou plus précisément dans la Chataigneraie cantalienne, où puys et vallées dessinent un panorama contrasté. S’il est né à Paris, en 1973, Simon Teyssou a grandi dans la région. A défaut de devenir paysan, comme il l’imaginait petit, il a choisi d’y ancrer son travail, une fois diplômé architecte par l’école de Clermont-Ferrand en 2000.

Fabriquer un récit

La localité du Rouget est d’ailleurs emblématique de ce travail du pas à pas. Alors que les élus demandaient à l’Atelier à repenser les abords d’équipements sportifs, l’équipe a trouvé plus utile d’outrepasser la commande et d’élargir sa vision pour « produire les conditions d’une régénération de tout un fragment de territoire en fabriquant un récit auquel les habitants et leurs représentants peuvent s’identifier », écrit l’architecte-urbaniste. L’opération a abouti au plan-guide du parc du Rouget qui s’appliquera à tout nouveau projet, sur le temps long.

Cette vision d’ensemble amène Simon Teyssou et ses associés et collaborateurs à valoriser les ressources territoriales. Il ne s’agit pas seulement là de prioriser le recours aux matériaux locaux mais de mieux intégrer les activités de production, et notamment agricoles, dans les aménagements. « La séparation entre espaces habités, agriculture et sylviculture mérite d’être abolie, définitivement », assure encore le professionnel.

Habitué à travailler avec de petites collectivités, l’Atelier du Rouget a pris le pli d’acquérir un large éventail de compétences pour être le plus efficace possible dans l’action. L’agence voue par ailleurs une « grande importance à la simplicité des aménagements proposés, ainsi qu’il est écrit dans la profession de foi affichée sur son site Internet. Plutôt que d’apprécier une qualité architecturale dans l’absolu, sans considérer les conditions de sa fabrication, nous considérons que c’est le rapport qualité-prix d’un édifice ou d’un aménagement qui devrait être évalué. »

Cette conviction que les zones rurales méritent autant de soin que les métropoles, Simon Teyssou la diffuse enfin au sein de l’Ecole nationale supérieure d’architecture de Clermont-Ferrand. Cet établissement dont il est directeur depuis 2019, a vocation à être, dit-il, « au service de son territoire ». Le Grand Prix lui sera remis lors d’une cérémonie organisée à la fin de l’année 2023.

Le jury du Grand Prix de l’urbanisme 2023

Stéphanie Dupuy-Lyon, directrice générale de l’aménagement, du logement et de la nature (DGALN), présidente

Michaël Delafosse, maire de Montpellier et président de Montpellier Méditerranée Métropole
François de Mazières, maire de Versailles et président de l’agglomération de Versailles Grand Parc

Philippe Close, maire de Bruxelles
Paola Viganò, Grand Prix de l’Urbanisme 2013

Jérôme Goze, directeur de la Fabrique de Bordeaux Métropole
Emmanuelle Cosse, présidente de l’USH, ancienne ministre du Logement
Isabel Diaz, secrétaire permanente adjointe du Puca
Franck Boutté, Grand prix de l’urbanisme 2022
Frédéric Bonnet, Grand prix de l’urbanisme 2014
Fabienne Boudon, Particules, lauréate du Palmarès des jeunes urbanistes 2018
Philippe Estèbe, directeur d’études d’Acadie

Nathalie Moutarde, journaliste au Moniteur
Emeline Cazi, journaliste au Monde

Hélène Fernandez, directrice chargée de l’architecture, adjointe au directeur général des patrimoines, au ministère de la Culture et de la Communication

Le jury s’est déroulé en présence de Ariella Masboungi, conseillère spéciale et Grand Prix 2016, ainsi que de la sous-direction de l’aménagement durable (MTECT) et des membres de la commission technique

Newsletter Week-End
Nos journalistes sélectionnent pour vous les articles essentiels de votre secteur.
Les services Le Moniteur
La solution en ligne pour bien construire !
L'expertise juridique des Éditions du Moniteur
Trouvez des fournisseurs du BTP !