Campenon Bernard SGE, Bouygues, Quillery, Chantiers Modernes... Lorsqu'ils étudient la liste des entreprises retenues par Autouroute du Sud de la France (ASF), notamment pour la construction des principaux ouvrages d'art sur la première section « aquitaine » de l'autoroute A89, Arveyres-Coutras, les entreprises de travaux publics de la région ont franchement l'impression que les marchés leur ont échappé.
« Nous n'avons que 20 % de ce grand chantier aquitain », assure même Henri Cassous, président de la fédération régionale des TP. Une situation d'autant plus mal ressentie que la région n'est pas en avance dans l'exécution de son contrat de plan et que le tronçon Arveyres-Coutras qui doit prendre en compte de nombreuses contraintes hydrauliques est le plus cher de tous sur l'A89 : 2,4 milliards de francs pour 22 km. Un marché juteux « dont nous n'avons eu que les miettes, car les grosses entreprises nationales ont proposé des prix que nous ne pouvions pas concurrencer », explique ce chef d'entreprise.
Bagarre sur les prix
Du côté d'ASF, on reconnaît que la bagarre pour la recherche de marchés par tous les groupes fut bénéfique au niveau des prix proposés pour la construction des viaducs notamment, mais « il n'y a pas tant d'entreprises régionales capables d'assurer en vingt mois, dans des conditions difficiles, la construction d'ouvrages de plus de 100 millions de francs », affirme Jean-Pierre Pascouau, directeur opérationnel d'ASF pour l'Aquitaine. Sur le viaduc des Barrails (200 millions de francs de contrat), le groupement Demathieu et Bard TP Ouest Mas, constitué de solides entreprises régionales, a bel et bien vu Campenon Bernard SGE Quillery lui passer devant.
Etude fine sur les marchés de l'A89 en Aquitaine
Les entreprises régionales ne sont toutefois pas absentes de ces chantiers. Une entreprise toulousaine, Dodin Sud, a bien su tirer son épingle du jeu, et construira un des viaduc sur l'Isle. « Elles sont présentes, mais pour des lots plus petits situés entre 5 et 30 millions de francs », reconnaît Jean-Pierre Pascouau. C'est le cas du groupement Laurière (Mussidan) GTM (Mérignac) pour l'ouvrage de décharge hydraulique sous la RD18.
A Autoroutes du Sud de la France (ASF), on annonce, dans tous les cas, pour la fin de l'année, une étude fine sur l'ensemble des marchés conclus en Aquitaine pour l'A89, sous-traitant et cotraitant compris : « On devrait être plus près du tiers du marché revenant aux entreprises régionales », affirme Jean-Pierre Pascouau, qui met aussi en avant le rôle qu'elles joueront dans les travaux connexes que sont le remembrement, l'archéologie ou les déviations de réseaux, ainsi que sur le recrutement local réalisé par les grandes entreprises pour ces chantiers.