Comptant parmi les plus célèbres photographes d’architecture, Georges Fessy voit souvent présenté le travail qu’il a pu consacrer à tel édifice ou tel maître d’œuvre. Mais rares sont les expositions vagabondant à travers son parcours de trois décennies, consacré à des créations actuelles comme à des pans entiers du patrimoine construit de France. C’est dire l’intérêt de la manifestation se tenant au Centre de culture urbaine de Lyon, Archipel (*). Elle est née d’un retour et d’une rencontre. Retour du photographe voici quelques années dans la ville où il a grandi. Rencontre alors avec Valérie Disdier, âme d’Archipel, qui lui commanda des clichés pour l’ouvrage « Lyon, cité radieuse », tout l’apport de l’architecture lyonnaise au Mouvement moderne.

Depuis le château d’Ancy-le-Franc élevé par Sebastiano Serlio (1541) jusqu’aux séries de commandes pour Jean Nouvel ou Dominique Perrault, seul le XIXe siècle ne se trouve pas représenté dans l’exposition. D’Ancy-le-Franc, on découvre un détail de façade capté à l’instant où le soleil inscrit parmi les ombres portées un rai de lumière qui perturbe la modénature. Autre effet inattendu de l’éclairage naturel, cette fois par sa propagation à l’intérieur d’un bâtiment : la teinte verdâtre imprégnant le dôme des Invalides à une heure donnée. Fessy n’est pas homme à ne montrer l’architecture que sous un jour idéal.
A l’inverse, les vues extérieures juxtaposées de la bibliothèque François-Mitterrand magnifient la virtuosité des transparences et des reflets voulus par le concepteur. Il y a en définitive un point fédérateur entre tous ces clichés : un cadrage souverain, souvent frontal, qui en fait des architectures dans l’architecture.
