Fin des tarifs réglementés de vente de l’électricité: « Nous attendons a minima un coût équivalent », Jean-Pierre Coronado (groupe Logement Français)

Alors que la fin des tarifs réglementés de vente de l’électricité se profile pour la fin de l’année, le groupe Logement Français, un bailleur social, anticipe. Jean-Pierre Coronado, directeur adjoint Qualité Urbaine et Patrimoine, détaille l’appel d’offres que le groupe vient de lancer.

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Jean-Pierre Coronado, directeur adjoint Qualité Urbaine et Patrimoine du groupe Logement Français

Comment avez-vous anticipé la fin des tarifs réglementés de vente (TRV) de l’électricité pour les puissances supérieures à 36 kVA au 31 décembre 2015 ?

Jean-Pierre Coronado : Pour nous préparer à cette échéance, nous avons lancé en juillet une consultation pour l’ensemble des installations du groupe Logement Français supérieures à 36 kVA. Nous avons au préalable procédé au recensement des sites concernés. Ainsi, 141 points de livraisons ont été identifiés représentant une consommation annuelle de 18 GWh et une facture comprise entre 2 et 2,5 millions d’euros TTC par an. Il y a 102 tarifs jaunes, 18 tarifs verts et 21 tarifs bleus atypiques (supérieurs à 36 kVA). Nous avons deux fournisseurs : EDF pour 138 sites et une entreprise locale de distribution (ELD) pour les trois autres.

Quels sont les conditions de votre consultation ?

J.-P.C. : Nous avons opté pour un marché classique avec attribution dans les 48 heures suivant la remise des offres, un contrat unique dans lequel une seule facture est payée au fournisseur qui se charge de reverser au gestionnaire de réseau la part acheminement et un prix dissocié (fourniture, acheminement et taxes) afin de garantir la transparence de la facturation. La date limite de réception des offres a été fixée au 15 septembre. Nous avons choisi de mettre en place le contrat au 1er décembre 2015 afin d’éviter le goulet d’étranglement de la fin de l’année et de le terminer au 31 décembre 2018 soit 37 mois pour repartir ensuite sur des années civiles pleines.

Tous les sites seront-ils alimentés par le même fournisseur ?

J.-P.C. : Pas forcément, car nous avons choisi de diviser la consultation en deux lots : un pour les trois sites raccordés à la régie et un pour les 138 autres points de livraisons. Sur ce dernier, nous avons prévu trois segmentations : profilée (usage parties communes -127 sites), profilée avec usage chauffage collectif (2 sites) et télé-relevée (tarif vert actuel pour du chauffage collectif – 9 sites). Pour le segment 1, nous souhaitons un prix ferme et unique sur la durée du contrat et aux conditions de marché qui sont aujourd’hui plus favorables que l’Arenh. Nous avons toutefois prévu une option Arenh en cas de retournement du marché d’ici la remise des offres. Le prix unique offre l’avantage de la simplification de la facture avec comme possible inconvénient une augmentation plus sensible en cas de retournement du marché dans les trois ans. Cependant, ce segment concerne les installations des parties communes, avec un impact limité sur les charges.

A contrario, sur les sites des segments 2 et 3 avec le chauffage collectif, nous avons opté pour un prix horo-saisonnalisé et indexé Arenh. Les contrats de ces segments concernent essentiellement des installations assurant le chauffage collectif électrique des immeuble (système base + appoint). Pour cette raison, nous proposons que le prix de la fourniture soit déterminé en fonction de l’usage (consommations importantes en heures creuses) et indexé sur l’Arenh afin d’éviter en fin de contrat, en cas de retournement du marché, une hausse trop importante de la facturation qui viendrait impacter le poste électricité chauffage représentant dans ce cas une part importante des charges.

Quels critères avez-vous retenus pour juger les offres qui vous parviendront ?

J.-P.C. : Le prix ne sera pas le seul critère pris en compte pour choisir la meilleure offre. Nous prenons également en compte le service rendu. Ainsi, des éléments tels que la qualité de la facturation, les services de gestion en ligne, l’organisation technique et commerciale du fournisseur ainsi que l’établissement de bilans annuels. En dehors de la fourniture, l’autre axe d’économie sur l’électricité, c’est l’usage et l’adéquation de la puissance aux besoins et nous attendons de notre fournisseur des propositions d’optimisation. Par ailleurs, la facturation est également un point important car ces dépenses sont ensuite récupérées auprès de nos locataires.

Quels bénéfices espérez-vous tirer de ces nouvelles offres ?

J.-P.C. : Les économies attendues avec cette sortie des TRV électricité sont moins importantes que lors de la fin des TRV gaz car les gains portent sur la partie fourniture qui ne représente que 40 à 50 % du coût global contre 80 % pour le gaz. Nous espérons a minima un coût équivalent à la situation actuelle avec l’espoir d’obtenir 5 à 10 % d’économies.

Avez-vous tirez un bilan de l’opération similaire que vous avez lancée l’année dernière pour la fin de certaines catégories de TRV gaz au 31 décembre 2014 ?

J.-P.C. : Oui. Depuis 2004, contrairement à l’électricité, nous étions obligés pour les nouvelles installations raccordées au gaz de passer sur le marché. Nous avions donc déjà procédé à des consultations et mis en place des contrats de trois ans pour la fourniture gaz. Ces contrats représentaient 17 % du volume consommé et nous enregistrions une économie de 5 à 10 % par rapport aux TRV. Il s’agissait de petits contrats avec de faibles consommations. Pour anticiper l’abandon des TRV au 31 décembre 2014, nous avons répertorié 300 points de comptages représentant 260 GWh et nous avons opté pour deux stratégies pour la fourniture de gaz de l’ensemble de nos chaufferies. Nous avons décidé d’adhérer au groupement Sigeif (syndicat intercommunal pour le gaz et l’électricité en Île de France) pour les chaufferies de plus de 2 MW (27 sites et 128 GWh) et pour le reste (268 sites et 132 GWh), nous avons organisé notre propre appel d’offres.

Cet appel d’offres groupe permettait à nos filiales en PACA et en Rhône Alpes qui ne pouvaient pas adhérer au groupement Sigeif de bénéficier du volume de nos chaufferies en Île de France (90 % du total) et d’avoir un prix plus intéressant car il y a une différence entre le PEG(1) nord et le PEG sud. Nous avons demandé un prix unique. Les contrats passés avec le Sigeif ont pris effet au 1er juillet 2014 et ceux que nous avons passés directement, ont pris effet au 1er novembre 2014. Les deux s’achèvent le 30 juin 2016.

Nous avons dressé un bilan de cet appel d’offres et par rapport aux TRV, nous obtenons en moyenne 18 % d’économies sur la facture ce qui représente environ 2,7 millions d’euros par an au profit des locataires. Plus précisément, les prix issus de l’appel d’offres Sigeif enregistre une économie de 20 %, là où nous obtenons 16 à 17 % pour ceux issus de notre appel d’offres, notamment parce qu’il intégrait l’ensemble des sociétés du groupe avec les PEG nord et sud. Sur les deux appels d’offres, le fournisseur choisi est Engie (ex-GDF Suez).

Quelques mois plus tard, est ce que tout se passe bien ?

J.-P.C. : Oui, même si au début nous avons rencontré quelques difficultés pour obtenir les factures, sans doute liées au changement massif des contrats en fin d’année 2014 avec, contrairement aux TRV, une multiplication des tarifs applicables selon les nouveaux contrats mis en place.

Cet article est extrait d'Enerpresse

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