Feuilleton 9/9 Le musée Magritte redonne vie à un ancien hôtel néoclassique

Ouvert début juin, le musée René-Magritte de Bruxelles (Belgique) attend près de 700 000 visiteurs par an. Il est installé dans une imposante bâtisse, restructurée grâce à un « mécénat de compétences » avec les filiales belges et françaises de GDF Suez.

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Ceci est désormais un musée ! Tour à tour siège de la Loterie royale, auberge pour voyageurs, bijouterie puis bâtiment de stockage d'archives, l'hôtel Altenloh de la place Royale de Bruxelles accueille, depuis le 2 juin, le musée René-Magritte. Une année de chantier aura suffi aux équipes de GDF Suez, en collaboration avec la Régie des Bâtiments (gestionnaire des biens immobiliers de l'Etat fédéral), pour métamorphoser la grosse bâtisse néoclassique décatie en un musée moderne de 2 500 m2 sur cinq niveaux, en vue d'accueillir plus de 250 œuvres en tous genres. Soit la plus grande collection au monde des travaux du peintre surréaliste belge (1898-1967) : toiles, dessins, gouaches, sculptures, mais aussi films, bandes audio, documents d'archives, etc., destinés à faire partager au visiteur « la vie, la pensée, l'œuvre, le mystère et la poésie » de René Magritte. Le pari de cette reconversion n'était pourtant pas gagné d'avance. Le bâtiment se trouve criblé sur ses quatre côtés d'une multitude de hautes fenêtres rectangulaires qui laissaient la lumière entrer à flots. Dès lors, comment y loger des espaces muséographiques respectueux des strictes normes de sécurité et de conservation (niveau d'éclairement maximal de 50 lux pour les dessins) ? D'autant que la variété des supports et des techniques utilisés par l'artiste venait compliquer encore davantage la mission.

Volume technique

La réponse technico-architecturale apportée par Winston Spriet, maître d'œuvre de l'opération, tient. dans une boîte ! Plus exactement, celui-ci a imaginé inscrire dans les lieux « un récit enchâssé dans un espace technique ». Concrètement, de manière à protéger les œuvres tout en les mettant en valeur, les parois des façades et pignons ont été habillées par une seconde peau intérieure (panneaux MDF « medium » sur structure métallique) qui crée ainsi un environnement entièrement protégé de la lumière, totalement maîtrisable sur le plan des ambiances hygrothermiques. Les œuvres, accrochées à ces nouvelles cimaises, bénéficient d'un éclairage présenté comme « ultra-performant » en terme de restitution visuelle (six cents spots basse consommation, conçus par Fabricom GTI en collaboration avec Erco Lighting) afin de distinguer des détails rarement perçus jusque-là dans les toiles. Disposées perpendiculairement aux parois, les vitrines présentent les lettres, documents et autres œuvres sur papier. Les « boîtes » ainsi créées ménagent, en outre, tout autour d'elles un volume technique mis à profit pour y faire circuler câblages, tuyauteries, passerelles de maintenance technique, etc. Sans oublier les dispositifs de sécurité ainsi que l'ensemble des gaines aérauliques et leurs unités terminales. En façade, afin d'éviter toute surchauffe inutile, 300 m2 de film de protection thermique ont été apposés sur les vitrages. Les fenêtres du bâtiment, désormais inutiles, ne sont pas rendues tout à fait aveugles pour autant. Derrière certaines d'entre elles ont été disposés des écrans à base de LED qui simulent, jour et nuit, le défilé des nuages dans un ciel bleu typique des toiles de Magritte. Une « scénographie extérieure » conçue par Ineo. Enfin, à l'extérieur des salles, sur les paliers d'étage, prennent place les vidéos et bornes interactives destinées à restituer la pensée de Magritte dans le contexte artistique et socioculturel de son époque. C'est au travers d'un « mécénat de compétences » que ce projet aura pu aboutir. Ce type de « partenariat public-privé », premier du genre en Belgique, a permis à GDF Suez de mobiliser, via ses filiales belges et françaises, des savoir-faire évalués à 6,50 millions d'euros. L'entreprise, par son expérience et ses métiers, aura ainsi réussi à transformer le vieil hôtel Altenloh en un musée contemporain de premier plan, équipé de panneaux solaires en toiture, entièrement alimenté en électricité « verte » par Electrabel, et qui ne consommera qu'un quart de l'énergie qu'il engloutissait avant rénovation !

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