Avec leurs façades étroites, toutes en hauteur et de couleur vive, et la proximité du fleuve Clyde dont ils ne sont séparés que par une petite route, les dix logements du programme « Tygh-Na-Cladach » évoquent immédiatement les maisons de pêcheur traditionnelles d’Ecosse. Une référence assumée par leur architecte, Gokay Deveci, mais qui n’a pourtant pas été sans poser problème. « Pour ces logements sociaux, j’ai souhaité une architecture vernaculaire tout en recherchant des performances énergétiques élevées, avec neuf maisons basse consommation et une dixième dotée d’un système de ventilation ultraperformant pour l’obtention du label allemand Passivhaus », explique ce polonais d’origine, installé en Ecosse, qui est aussi directeur de l’unité de recherche appliquée « Low Energy housing » de la Robert Gordon University. « Atteindre ces objectifs a constitué un véritable défi dans la mesure où les options prises pour s’inscrire dans un registre traditionnel ne sont pas toujours les meilleures au plan de l’efficacité énergétique. »
Enveloppe très isolante
Ainsi, l’implantation face au fleuve, acte fondateur du projet, s’est imposée, même si les ouvertures principales se trouvent alors orientées est-ouest et non plein sud. Une disposition qui aurait été préférable compte tenu du faible ensoleillement de cette région au climat tempéré (station balnéaire de Dunoon, au nord de Glasgow). La forme vernaculaire des maisons, qui induit une emprise au sol relativement modeste et un développé de façade extérieure important, conduit à des déperditions thermiques non négligeables. Ce programme est pourtant une réussite avec l’obtention en novembre 2009 du label « Passivhaus » pour l’une des dix maisons, une première pour du logement social dans le pays.
Pour parvenir à cet excellent résultat, une enveloppe très isolante a été mise en œuvre sur ces bâtiments à structure bois : fenêtres à triple vitrage, isolation extérieure des murs et du toit par 30 cm de laine minérale et 5 cm de polyuréthane. L’ensemble est complété, sur la face interne des parois et de la toiture, par des lés d’un isolant mince réfléchissant (IMR) soigneusement calfeutrés. Avec, au résultat, un coefficient de déperdition thermique particulièrement bas (0,09 W/m2.K pour la maison certifiée passive). Une ventilation mécanique contrôlée (VMC) double flux équipe cette même maison passive. Un système complexe spécialement élaboré pour obtenir le sésame « Passivhaus », coûteux à l’achat (6 000 euros) mais qui permet une récupération de la chaleur quasi intégrale (de 92 à 99 %) ! L’ensemble de ces dispositions est parachevé par une extrême étanchéité à l’air (0,4 m3/m2.h pour 50 Pa de différence de pression entre intérieur et extérieur au test d’infiltrométrie), une prouesse pour un bâtiment à structure bois. Enfin, pour rester en deçà du plafond « Passivhaus » en termes d’énergie primaire (120 kWh/m2.an), le solaire thermique a été mobilisé pour la production d’eau chaude sanitaire et réduire la facture annuelle de moitié sur ce poste.







