Exposition : Yona Friedman ou l’art d’improviser en architecture

Jusqu’au 7 novembre prochain, une exposition à la Cité de l’architecture et du patrimoine déploie les œuvres aussi graphiques que théoriques de l’architecte né en 1923. Et rappelle que ses vues humanistes, fondées sur la participation des habitants, sont bien plus concrètes qu’on a pu autrefois le penser…

Image d'illustration de l'article
Yona Friedman dans le salon de son appartement parisien, en 1968.

Des bâtiments évolutifs et adaptables aux besoins de leurs habitants, une conception participative et citoyenne, une organisation urbaine davantage soucieuse d’économiser le sol et permettant le développement d’une agriculture citadine… Tous ces sujets qui aliment aujourd’hui le débat et nourrissent nombre de projets architecturaux et urbains innovants, Yona Friedman y réfléchissait déjà dans les années 1950 quand il imaginait la « Ville spatiale » ou « L’architecture mobile ». Si bien que cet architecte qui avait été longtemps relégué au rang des utopistes, apparaît désormais comme un sage et un visionnaire. Jusqu’au 7 novembre, une exposition à la Cité de l’architecture et du patrimoine, à Paris, entend rendre à Yona Friedman ce qu’il lui appartient et rappeler les théories qu’il a développées depuis plus de soixante ans.

Né en 1923 à Budapest, en Hongrie, puis devenu français en 1964, l’homme n’a que très peu construit. Ses recherches se traduisent donc en une multitude d’esquisses, collages et ce que lui-même appelle des « gribouillis » ainsi qu’en maquettes bricolées à partir de bouchons de liège, de morceaux de cartons et autres matériaux de récupération. Elles remplissent l’appartement où il vit dans le XVe arrondissement de Paris et peuplent l’exposition « Yona Friedman, architecture mobile = architecture vivante », co-organisée par la Cité de l’architecture et le Centre national des arts plastiques  (Cnap).

Image d'illustration de l'article
« The City above your head », Yona Friedman, 2001, Centre national des arts plastiques, FNAC 07-072 (2). « The City above your head », Yona Friedman, 2001, Centre national des arts plastiques, FNAC 07-072 (2).

Autant de papiers froissés et de dessins qui racontent la possibilité d’une architecture fondée sur des principes humanistes et dans laquelle l’habitant est au centre de tout. Les constructions que projette Yona Friedman ne sont pas tant des bâtiments que des superstructures vides et donc appropriables, transformables à l’envi par leurs occupants. Il revient alors à l’architecte de se mettre à leur service et de les aider à concrétiser le logement qui répondra à leurs besoins.

A la veille de l’ouverture de l’exposition, début mai, Yona Friedman n’a pas manqué de reconnaître que ses idées avaient suscité quelque malentendu : on lui reprochait de faire des architectures sans façades alors que lui pensait avant tout un espace intérieur. « Celui-ci a été trop oublié. L’architecture aujourd’hui peut suivre le rythme de l’usager. Elle doit pouvoir être improvisée », a-t-il rappelé. C’est en substance ce qu’il écrivait déjà à Michel Ragon en 1973. Au dos d’une carte postale envoyée d’Inde à l’écrivain et présentée dans l'exposition, l’architecte estimait : « L’architecture immobile peut-être belle, mais l’architecture faite pour l’utilisateur est plus belle.»

Newsletter Week-End
Nos journalistes sélectionnent pour vous les articles essentiels de votre secteur.
Les services Le Moniteur
La solution en ligne pour bien construire !
L'expertise juridique des Éditions du Moniteur
Trouvez des fournisseurs du BTP !