« L'Allemagne reste le pionnier du recyclage des matériaux et des déchets de construction, même si la Suisse et l'Autriche ont développé des systèmes comparables, et si les Pays-Bas sont à la hauteur », avance Hans Sander, directeur de la Fédération internationale du recyclage (FIR) et de la fédération allemande Bundesvereinigung Recyclingbau. La RFA conserve son avance, notamment sur la France. Depuis quinze ans le bilan est appréciable : 31 millions de tonnes y ont été recyclées l'an dernier, soit plus du tiers des 85 millions de tonnes générées. Sur ce montant, 8 millions de tonnes contaminées échappent au recyclage. Les 46 millions restants sont acheminés aux décharges (60 %), usines d'incinération (30 %) ou servent de matériaux de remplissage.
L'entrée en vigueur en octobre 1996 de la loi sur le recyclage et déchets a amené un groupe de travail rassemblant des organismes du bâtiment et travaux publics et du recyclage, des ingénieurs-conseil et des architectes à prendre un engagement volontaire : réduire de moitié d'ici à 2005 les déchets de BTP recyclables de 1995. « En réalité nous serons en mesure de traiter bien plus de la moitié des 46 millions de tonnes non encore recyclés d'ici à 2005 », assure Hans Sander. Dans les agglomérations il y a déjà des surcapacités. En revanche, en rase campagne il faut faire appel à des unités mobiles de recyclage.
Des filières spécialisée
Les producteurs de matériaux neufs opposent moins de résistance. Le BTP allemand utilise 700 millions de tonnes de ressources naturelles par an, soit dix fois la somme des matériaux recyclables. Paradoxalement les vrais « adversaires » sont les pouvoirs publics, qui normalement devraient insister sur une stricte applications de la loi. Or, l'énorme succès du recyclage des ordures ménagères « point vert » réduit le volume des déchets acheminés aux décharges et usines d'incinérations. Hans Sander s'insurge : « La lutte pour les déchets de chantier fait rage. Les usines d'incinération font des prix de dumping ».
Les filières existent déjà pour les revêtements routiers, briques, portes et fenêtres en bois et en matières plastiques, etc. La recyclage de béton à usage normal est à l'essai. Reste les problème des moquettes et des vitrages.
Le secteur prépare une surprise pour l'exposition universelle de Hanovre en l'an 2000 : il érigera sur place une maison dans laquelle tous les matériaux auront été retraités.