Aujourd'hui la plupart des grands projets d'unités de traitement des ordures ménagères reposent sur le tout incinération. C'est le cas notamment en Eure-et-Loir où deux « usines » d'une capacité totale de 240 000 t/an sont en construction à Séresville et Ouarville. Pourtant d'autres techniques, moins polluantes que l'incinération, peuvent être mises en oeuvre, comme la thermolyse, combustion sans oxygène adoptée à l'étranger mais pas encore en France, sauf dans des sites pilotes.
La première unité par thermolyse ouvrira début 2000 à Digny en Eure-et-Loir. Quatre cantons (La Loupe, Courville, Senonches et Châteauneuf-en-Thymerais soit 46 communes et 32 000 habitants), réunis au sein d'un Sirtom, ont en effet décidé de choisir cette technique. « C'est une décision qui a été longue à prendre, explique Michel Guinaudie, éco-conseiller du Sirtom, nous avons travaillé plusieurs années avant d'obtenir l'autorisation pour lancer ce projet pilote. »
L'usine de Digny n'a en effet pu être inscrite dans le plan départemental d'élimination des déchets que parce qu'il s'agissait d'une technique innovante soutenue par l'Anvar et l'Ademe. La future unité de Digny - qui aura une capacité de 30 000 t/an - contrarie en effet le plan départemental et, en particulier, l'exploitation de la future Utom de Séresville-Chartres. « Nous ne voulions pas, poursuit Michel Guinaudie, être perturbé par une noria de camions et être isolés, nous petit Sirtom, au sein d'une grande unité. »
Mais avant de signer le contrat Michel Angoulvant, président du syndicat intercommunal a pris un maximum de précautions. Le projet a été construit sous le contrôle technique de Socotec Environnement et surtout sans aucun risque financier. Une délégation de service public a en effet été confiée à Citherdi (filiale de Cise et TTD exploitante du procédé Softher), qui financera, construira et exploitera l'usine.
Les communes n'apporteront aucun financement à ce projet qui représente un investissement de 86 millions de francs, pas même une garantie d'emprunt. Le seul financement sera assuré par l'assurance de livrer des ordures ménagères durant vingt ans à un prix convenu (entre 510 et 520 francs la tonne). Les risques sont donc minimes pour les cantons ruraux : « ce sera le même prix que si nous étions allés à Chartres. De plus les tarifs peuvent encore baisser si Citherdi obtient une subvention de 20 % de l'Ademe ».
Pour le Sirtom ce projet est donc une aubaine. Il n'apportera pourtant que 14 000 t d'ordures, la société exploitante devant trouver 16 000 autres tonnes pour rentabiliser cette usine-pilote qui s'intégrera bien dans la campagne sans grande cheminée ni panache blanc.
MAQUETTE : la future Utom de Digny, un projet qui représente un investissement de 86 millions de francs.