Réalisée par le cabinet Développement Construction, l'étude "Equipements solaires et installateurs : les clés de compréhension du marché",permet de mieux appréhender l’organisation du marché des équipements solaires et de mieux cerner les pratiques des installateurs.
C’est un fait établi que le marché des équipements solaires est désormais entré dans une phase de réel développement. Pour tous les industriels qui voient dans ce marché une opportunité à développer ou élargir leur offre, la question essentielle n’est donc plus de déterminer à quel rythme le marché progresse aujourd’hui ou va se développer dans les prochaines années, mais de comprendre comment il s’organise et autour de quels professionnels il est en train de se structurer.
Une profession qui se développe rapidement
Cette étude (1) montre tout d’abord que, face à une demande en très forte croissance (+ 400 % entre 2004 et 2007 dans le solaire thermique, + 180 % en un an dans le solaire photovoltaïque), les entreprises qui se lancent dans la pose de ce type d'équipements se développent et se structurent.
Un nombre croissant d'installateurs venus d'horizons divers entrent ainsi sur ce marché et proposent désormais leurs services. Le nombre d'installateurs actifs sur le marché (au sens où ils ont installé des équipements solaires au cours des 2 dernières années) a progressé de plus de 60 % en un an, passant d'environ 8 000 à 13 000 aujourd'hui. Environ 95 % des entreprises impliquées dans ce marché ont une activité de commercialisation et de pose, les 5 % restants développent uniquement une activité de commercialisation (la pose étant alors sous-traitée), à l’image des professionnels d'autres secteurs comme celui de la fenêtre.
Parallèlement à la nouvelle catégorie d'installateurs spécialistes des énergies renouvelables (ENR), on ne compte pas moins d'une dizaine de corps de métiers différents (au sens de l'activité principale) qui s’installent sur ce marché. Parmi ceux-ci : des professionnels issus de 3 métiers qui représentent ensemble près de 83 % des entreprises mettant en œuvre des équipements solaires : plombiers, chauffagistes et électriciens, mais aussi des entreprises venues des métiers de la couverture, de l'isolation ou de la maçonnerie. A noter qu’environ 10% des installateurs ne viennent pas de métiers du bâtiment.
De très loin, ce sont les chauffagistes qui se montrent les plus impliqués sur ce nouveau marché : environ un tiers des professionnels de ce métier déclarent aujourd'hui poser des équipements solaires, alors que cette proportion est de 16 % pour les plombiers et de 5 % pour les électriciens.
Une activité qui devient une véritable spécialisation
Incontestablement, la profession se développe et structure. Si nombre de professionnels disent s’impliquer sur ce marché par conviction écologique, beaucoup reconnaissent aussi s'intéresser à ce marché en raison de son caractère porteur.
L'engagement dans le domaine des équipements solaires est de plus en plus marqué et devient un réel axe de spécialisation. Si plus de 55 % des installateurs indiquent réaliser moins de 10 % de leur chiffre d'affaires avec cette activité, 14 % d'entre eux en tirent plus de la moitié de leurs ressources.
Les entreprises spécialisées dans ce nouveau métier sont en général des entreprises de taille nettement plus importante que la moyenne des entreprises de bâtiment : 7,5 salariés par entreprise contre une moyenne, pour l'ensemble des entreprises de bâtiment, de 3,5 salariés.
Leurs dirigeants, âgés en moyenne d’environ 44 ans, indiquent dans près de 95 % des cas avoir suivi une ou le pus souvent plusieurs formations spécifiques à l'installation d'équipements solaires.
C'est bien entendu vers le domaine des équipements solaires thermiques (c'est-à-dire l'installation de chauffe eau solaires) que la très grande majorité des installateurs se tournent ; le marché du photovoltaïque restant encore particulièrement modeste en France, comparativement à celui d'autres pays européens.
Une spécialisation de référence : les chauffe eau solaires individuels
Près de 90 % des installateurs d'équipements solaires déclarent poser des CESI (chauffe eau solaires individuels), à raison de seulement quelques chantiers par an.
Les SSC (systèmes solaires combinés), pour leur part, concernent à peu près 40 % des installateurs d'équipements solaires, tandis que les autres types d'équipements (chauffe-eau solaires collectifs, systèmes photovoltaïques raccordés ou non au réseau) sont l'apanage d'une proportion beaucoup plus faible de professionnels.
Trois profils d'installateurs
Le niveau d'implication différent des professionnels dans cette nouvelle activité, la diversité des métiers d'origine des installateurs et la diversité, bien entendu des produits posés, sont autant de raisons qui expliquent qu'il n'existe pas un profil-type d'installateur mais 3 familles d'intervenants :
- les "petites structures spécialisées thermique", de loin les plus nombreuses (64 % de la population des installateurs), issues plus souvent que la moyenne de l'univers du génie climatique ou de la plomberie, avant tout orientées vers le solaire thermique. Activité qui contribue pour un peu plus de 60 % d'entre elles à moins de 10 % de leur activité.
Vis-à-vis du solaire, ce type d'installateurs jouent souvent un rôle de "passifs sceptiques", plus soucieux de répondre à la demande par opportunisme que de véritablement chercher à la développer,
- les "structures importantes spécialisées dans le photovoltaïque" (un peu plus de 20 % des installateurs), davantage impliquées dans les énergies renouvelables, et notamment dans le photovoltaïque (le solaire thermique restant cependant souvent leur activité de référence), et pour qui la pose d'équipements solaires est généralement une activité relativement importante (en moyenne autour d'un quart de leur chiffre d'affaires).
Pro-solaires convaincus, ces installateurs se considèrent en grande majorité- et à juste titre, compte tenu des actions commerciales qu'ils développent- comme des éléments moteurs qui contribuent au développement du marché,
- les "jeunes entrepreneurs" (environ 15 % de la population), issus eux aussi des métiers de la plomberie et du chauffage, venus à ce métier plus récemment et intervenant dans ce domaine en tant que "suiveurs motivés".
(1) Sur le plan méthodologique, l'étude a reposé sur 2 investigations complémentaires :
- une investigation exploratoire auprès de responsables d’entreprises impliquées dans la mise en œuvre d'équipements solaires avec 20 entretiens qualitatifs en face à face, permettant de décrire la réalité des comportements des installateurs d’équipements solaires, de mettre en évidence leurs critères de choix en matière de sélection de fournisseurs, et d’identifier leurs attentes et leurs besoins,
- une enquête quantitative auprès de plus de 600 entreprises impliquées dans la mise en œuvre d'équipements solaires (échantillon structuré selon la qualification des entreprises, leur spécialisation et leur implantation géographique), permettant d’analyser le champ exact d’intervention des différentes catégories d’entreprises, de recenser la nature des produits mis en œuvre et de comprendre quels sont leurs comportements face aux équipements solaires selon leurs spécialisations ou la nature de leurs chantiers.