«Il va bien falloir arrêter de progresser et trouver notre rythme de croisière… » Jocelyn Testu, jeune patron de 36 ans, à la tête d’ETSI, entreprise d’électricité qu’il a créée en 2001, ne manque ni d’humour, ni de lucidité, lorsqu’il analyse son parcours depuis six ans. « Nous avons grossi très vite, c’est vrai. Mais les risques étaient calculés ; nous avons toujours refusé de nous lancer sur des marchés pour lesquels nous n’avions pas de garantie financière suffisante, nous avons veillé à travailler à hauteur de nos moyens. »
Titulaire d’un BTS électrotechnique, Jocelyn Testu a fait un long parcours dans le domaine de la radiotéléphonie. Et c’est sur ce créneau qu’il lance ETSI, en 2001. « J’étais installateur pour les relais de téléphonie mobile », explique-t-il. Très rapidement, dès 2002-2003, le jeune patron réfléchit à diversifier l’activité ; des discussions avec des clients, des rencontres, le « hasard », l’amènent à se tourner vers la fibre optique et le courant faible. « Si nous n’avions pas pris le risque de faire entrer deux nouveaux actionnaires au capital sur chacune de ces deux activités, nous ne serions plus là aujourd’hui, analyse froidement le jeune patron ; car désormais la radiotéléphonie ne représente plus rien dans notre chiffre d’affaires. »
ETSI démarre alors comme sous-traitant pour Inéo (Suez), puis parvient à décrocher des marchés en direct pour la RATP. La toute jeune entreprise devrait terminer d’ici la fin du mois la mise en place du réseau de fibre optique de la ligne 3, qui s’inscrit dans le colossal projet « Ouragan » de modernisation des lignes de la RATP. « A chaque nouveau marché que nous avons décroché, il a fallu mettre des équipes en place, souligne Jocelyn Testu. En outre, nous n’avons pas hésité à investir quand cela s’est avéré nécessaire, par l’achat de matériel spécifique. »
Croissance externe. Comme toute jeune entreprise qui grandit vite, ETSI a connu des problèmes de trésorerie – aujourd’hui réglés. Soucieux également de ne pas mettre tous leurs œufs dans le même panier, les actionnaires ont décidé de se renforcer sur le courant fort : ils viennent de racheter une petite société d’électricité, dans l’Essonne, qui travaille beaucoup avec des HLM et des syndics de copropriété. « Cette croissance externe nous permet d’être moins dépendants de nos gros clients et d’attaquer de nouveaux marchés », précise le gérant. ETSI renforce ainsi sa structure autour de trois activités : le courant faible, la fibre optique et le courant fort. « Nous veillons bien à maintenir un équilibre entre ces trois activités, même si chaque année, il y en a toujours une qui prend l’ascendant, souligne Jocelyn Testu. D’ailleurs, 80 % de notre personnel est capable d’intervenir indifféremment dans ces trois domaines. »
Conscient d’être positionné sur des « créneaux porteurs », avec du « volume d’activité », le jeune patron se heurte à la difficulté du recrutement. « Nous recrutons beaucoup par le bouche-à-oreille. Nous cherchons des jeunes motivés que nous formons en interne, puis que nous faisons progresser. D’ailleurs nous avons récupéré quelques jeunes déçus des grandes structures, qui ne leur confiaient pas assez de responsabilités. » Jocelyn Testu semble désormais avoir trouvé son rythme de croisière : « Trois à quatre embauches par an. »