Depuis la fin de 1996, les groupes FCC et Dragados ont mis en place deux filiales conjointes (à 50/50) pour l'international. L'une concerne la construction (Dragados/FCC International de Construction) et l'autre les services urbains (FCC/Dragados International). Ce rapprochement a été perçu comme un premier pas devant conduire à la fusion, ce que les intéressés démentent vigoureusement. Force est de constater que les comptes des deux groupes sont bons et qu'ils ne justifieraient pas une fusion. FCC a réalisé un chiffre d'affaires de 17,2 milliards de francs en 1996. Durant le premier semestre de cette année, la hausse d'activité a été de 16 % et les bénéfices ont progressé de 10,2 %.
L'export : un atout décisif
Les bons résultats de FCC s'expliquent par le poids traditionnellement élevé des activités hors construction (45 % du total). Par ailleurs le groupe commence à récolter les premiers fruits de son développement à l'international, où FCC était traditionnellement très peu présent. Pendant le premier semestre, le chiffre d'affaires à l'étranger a progressé de 75 % et l'alliance avec Dragados, qui dispose d'un excellent réseau de filiales en Amérique latine, est ici un atout décisif.
L'autre grand, Dragados, souffre en revanche d'une forte dépendance à l'égard des marchés publics de la construction en Espagne (44 % du chiffre d'affaires de 1996). Or ceux-ci sont en récession, austérité budgétaire oblige. De plus, le groupe s'est endetté pour financer son expansion à l'étranger. Mais Dragados a mis en place une politique de réduction drastique des coûts qui commence à porter ses fruits au niveau des comptes. Le groupe a accentué l'effort de diversification et fait un gros effort à l'international. Le chiffre d'affaires a augmenté de 9 % pendant le premier semestre de 1997, à 8,4 milliards de francs (+ 72 % pour l'international).
Dragados est ainsi aujourd'hui le groupe espagnol de la construction le plus « internationalisé » (18,5 % du chiffre d'affaires réalisé à l'international en 1996). Il a aussi une très solide réputation de constructeur d'ouvrage qui lui vaut d'engranger de beaux contrats, comme la centrale hydro-électrique de Caruachi au Venezuela, obtenue en juin (1,64 milliard de francs.
Faire jouer les synergies
Derrière les deux grands, le mouvement de concentration s'est accéléré. La fusion OCP-Gines Navarro devrait permettre de créer le troisième groupe en termes de chiffre d'affaires (14,5 milliards de francs attendus en 1997). La nouvelle société, baptisée Actividades de Construction y Servicios (ACS), devrait être opérationnelle à la mi-novembre.
Cette fusion est d'autant plus importante que OCP avait racheté en juin 60 % du capital d'Auxini (dont elle détenait déjà 40 %). Le nouveau groupe, présidé par Florentino Perez, l'ancien patron d'OCP, représente une force de frappe non négligeable. « Nous voulons faire jouer les synergies », dit-on au siège d'ACS. Ainsi dans le ferroviaire, la fusion a pour effet de rassembler Vias y Construcciones (ex-Gines Navarro), leader sur son secteur, et Cobra (ex-OCP), pour constituer un ensemble de poids.
L'autre regroupement important est celui de Cubiertas et d'Entrecanales, dans le cadre du groupe Acciona. Le nouveau groupe vient de publier les résultats du premier semestre. Les ventes ont atteint 6,7 milliards de francs. La stratégie est basée sur la diversification afin de ne pas dépendre du BTP. Le groupe dispose d'une entreprise de construction, Necso, mais il est également présent dans les télécommunications, l'énergie et les services.
En quatrième position, on trouve le groupe Ferrovial qui a une démarche originale à plus d'un titre. Le rachat d'Agroman, qui appartenait au groupe Banesto, a permis de catapulter le chiffre d'affaires à 10,4 milliards de francs en 1996 (+ 32). Mais ce rachat n'explique pas tout : pendant les six premiers mois de 1997, la progression a été encore de 30 %. « Il n'est pas question de fusion », dit-on chez Ferrovial. Les deux entreprises travaillent séparément sur le marché national. A l'international, une société commune (50-50) a été constituée, Ferrovial-Agroman International (F & A), qui a réussi sa percée. Ainsi, en mai dernier, F & A a décroché son troisième contrat d'autoroute en concession au Chili, qui s'ajoute aux trois concessions obtenues en Colombie. Mais la société s'intéresse aussi à l'Europe, avec une forte présence au Portugal (une douzaine de contrats en exécution). Il a remporté tout récemment le contrat de construction de l'hôpital San Giovani, à Rome.
La vague de concentrations n'est pas moins intense à mesure qu'on descend dans le tableau. Le groupe Lain continue à racheter des sociétés et grimpe dans le classement. Le rachat de Pacsa comble certains « trous » : une spécialisation dans la construction urbaine et les services, avec une bonne implantation dans le Levant. Par ailleurs, l'allemand Hochtief, qui détenait 44 % de Pacsa, a pris 4 % du groupe et fait figure de deuxième actionnaire étranger après Fiat (27 %).
En définitive, on constate que la vague de concentrations s'accompagne d'une nette amélioration des comptes des entreprises. Mais la taille des nouveaux groupes est encore faible à l'échelle européenne.
TABLEAU :
CHIFFRES D'AFFAIRES DES 6 PREMIERS MAJORS EN 1996 ET PREVISIONS 1997
La concentration modifie progressivement le hit-parade des grandes entreprises espagnoles de BTP.