L'obligation d'inscrire les centrales solaires dans un registre national afin de pouvoir bénéficier des conditions d'achat du courant produit (en retrait par rapport aux années précédentes) et la limitation à 500 MWc (dont 100 MWc classés «exceptionnels») cette année produit des effets pervers.
Alors que la deuxième adjudication des projets inscrits au registre national vient d'être annoncée, rapporte la presse espagnole, l'absence de cash conduit les petites sociétés à revendre leurs autorisations d'exploiter. Jusque là, tout pourrait ne conduire qu'à une forte «concentration » du solaire ibérique aux mains des grands groupes. Mais, comme la limite imposée par le gouvernement crée la pénurie de débouchés, les inscriptions au registre s'arrachent... Et le prix des projets s'envole. A la revente, le prix d'une autorisation pourrait ainsi fluctuer entre 300 000 euros et 500 000 euros le MWc.
Alors que la capacité installée en photovoltaïque (PV) en Espagne est passée de 144MWc en 2006 à 2 661MWc en 2008 (près de 2 000 MWc ayant été installés l'an dernier outre-Pyrénées), le freinage n'est pas sans risque. Les fabricants de matériels - Corsan, Bergé, BP et Gestamp - ont tous indiqué que leurs usines tournaient, cette année, entre 30% et 40% de leurs capacités. BP Solar a même décidé la semaine dernière d'en tirer la conclusion, en fermant ses deux sites ibères (cf. Enerpresse n° 9796).
Au début de l'année, le ministère de l'Industrie avait annoncé avoir reçu 891 demandes de permis d'installations PV pour une capacité cumulée de 780 MWc ; donc au-delà du quota imposé. Lors de la première adjudication, 125 MWc avaient été accordés. Lors de la deuxième, c'est seulement 88,7 MWc qui l'ont été. L'association professionnelle du PV (AEF) réclame, dans El Pais, au moins 800 MWc, estimant qu'il faut prendre en compte la taille potentielle du marché et celle des autres pays européens. Ainsi, 500 MWc représentent à peine un tiers de ce qui s'installe en Allemagne.