Offrir le ciel en cadeau aux nageurs. Tel est, au bout du compte, le pari réussi de Marc Mimram, architecte de la résurrection de la piscine-patinoire Edouard-Pailleron (Paris XIXe), lequel avoue malicieusement « conseiller désormais à tous ses amis la nage sur le dos ». Enfin rouverte, la piscine, construite en 1934 par Lucien Pollet, était fermée depuis 1991. Inscrite à l’Inventaire supplémentaire des monuments historiques en 1998, elle a été à la fois maintenue dans son esprit d’origine Art déco et remodelée dans son fonctionnement.
Toitures galbées-courbées. Esseulé et massif en lisière du parc des Buttes-Chaumont à l’époque de sa construction, le bâtiment de brique de la piscine s’est vu flanqué, dans les années 1970, d’une encombrante patinoire. « Nous voulions, par notre intervention, redonner sa stature, sa présence et son autonomie au bâtiment historique, tout en le mettant en valeur », explique Marc Mimram. Exit donc la patinoire seventies, démolie sans état d’âme pour laisser le champ libre à deux nouvelles constructions surbaissées qui prennent place aux côtés de l’ancien bassin : une patinoire (800 m2 de glace) et une piscine ludique à vagues (bassin de 265 m2). Un projet qui se devait, aux dires de leur concepteur, « d’être généreux par son architecture et la douceur des lumières qu’il fait vivre ». Le travail sur la lumière naturelle structure toute l’intervention de Marc Mimram. Les toitures galbées et courbées des deux bâtiments neufs, en bacs aluminium incisés, sont de vastes « capteurs de lumière ».
La lumière étale du nord baigne la patinoire, gage de luminosité constante, sans rayonnement direct sur la glace (afin qu’elle ne fonde pas !) ni reflets parasites gênants pour les patineurs. Dans la piscine, au contraire, les ouvertures vers l’ouest y laissent entrer le soleil en abondance, avec rayonnement direct sur le bassin. Au sud, une grande baie vitrée protégée en partie haute par des brise-soleil, offre au nageur un bain de lumière chaude et une ouverture sur le solarium extérieur.
Pièce maîtresse du dispositif d’ensemble, l’ancien bâtiment de Pollet reçoit une nouvelle charpente métallique et une verrière en voûte qui reprend le profil d’origine de la couverture du bassin (33 x 16m). Six poutres de type bow-string en forme de quartiers d’orange constituent la structure principale de la verrière. Celle-ci repose sur deux grands caissons longitudinaux dont les appuis coïncident avec la trame existante (7,50 m de portée entre chaque poteau béton). « Notre intervention se veut attentive à l’esprit du bâtiment dans ses pratiques, et à la facture de celui-ci dans sa construction », précise Marc Mimram. Les deux étages de vestiaires qui ceignent le bassin, typiques des piscines de Lucien Pollet, sont conservés. Les interventions sur ce bâtiment protégé portent surtout sur le rez-de-chaussée : le hall offre une entrée réservée aux scolaires et les façades latérales, dont les percements avaient été altérés, s’ouvrent à l’est et l’ouest pour, là encore, offrir le maximum de soleil, vue et lumière aux nageurs.








