Equipement scolaire : Ecole en terre agricole

Dans le Puy-de-Dôme, Studiolada a conçu un établissement au plus proche de son environnement en employant les matières disponibles sur site.

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Implantées sur une parcelle agricole inexploitée, les écoles maternelle et élémentaire sont construites de plain-pied afin de s'insérer au mieux dans le tissu pavillonnaire existant. La toiture, couverte de tuiles plates, renforce cette démarche d'inscription dans le site.

En déménageant les 15 classes de ses écoles maternelle et élémentaire, la petite commune de Maringues (Puy-de-Dôme), qui compte environ 3 000 habitants, a fait passer les élèves d'un édifice d'après-guerre à un bâtiment d'avant-garde. Le concours de maîtrise d'œuvre, lancé en 2019, recommandait dans son programme l'emploi de matériaux bio et géosourcés, aujourd'hui bien plus répandu. « C'était un formidable point de départ pour nous qui menons une réflexion systématique sur les ressources du territoire », se souvient Gauthier Martinez, à cette époque chef de projet au sein du collectif d'architectes nancéien Studiolada, lauréat de la consultation.

Avec deux des cofondateurs, Xavier Géant et Christophe Aubertin, il s'intéresse alors au Massif central, et plus particulièrement aux monts du Forez et à la forêt des Combrailles, pour l'approvisionnement du bois destiné à la structure, au bardage et au mobilier fixe de cet établissement de 2 720 m². Sur les recommandations de Sylva Conseil, le bureau d'études technique clermontois spécialisé en la matière, ils choisissent de construire la charpente en sapin pectiné. « Cette essence présente la particularité d'être jardinée et non cultivée comme le douglas, apprécie Gauthier Martinez. Nous avons aussi souhaité l'utiliser car, bien que mise en valeur dans l'architecture vernaculaire des environs, elle est peu présente dans les constructions récentes. » L'ossature bois est ici laissée apparente. Elle rythme ainsi l'espace des écoles maternelle et élémentaire, toutes deux organisées autour de leur cour comme des cloîtres. L'ensemble forme un seul et même édifice de 120 x 45 m.

Technique de la terre coulée. L'autre matériau naturel sur lequel les concepteurs portent leur attention dès le début du projet est la terre crue, car ils la repèrent dans les murs des vieilles fermes qui parsèment la Limagne, la plaine où se trouve le groupe scolaire. Ils décident donc de l'intégrer à l'opération, dans les parois séparant les salles de classe et les circulations. Afin de choisir la technique constructive adéquate, ils contactent Abiterre, spécialiste du sujet dans le Puy-de-Dôme. Celui-ci réalise des tests avec les échantillons prélevés sur site et se prononce en faveur de la terre coulée. Une partie de la matière extraite lors du chantier est mélangée à une autre de même nature, aux teintes ocre et beige, provenant de Sermentizon, à moins de 30 km de là. A cela s'ajoutent des graviers roulés, issus de la rivière qui traverse Maringues, ainsi qu'un très faible pourcentage de ciment, nécessaire au décoffrage des murs de refend. D'une épaisseur de 30 cm, ils participent aux conforts thermique et acoustique des lieux. « En travaillant avec des entreprises locales, nous avons été relativement épargnés pendant les crises des matières premières et du Covid : pas de problème d'approvisionnement, ni de spéculation », souligne Gauthier Martinez.

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Ouverte à la rentrée 2023, l'école Au fil du tan vient d'achever sa première année de fonctionnement. Si les espaces intérieurs ont été bien investis, ceux extérieurs attendent de l'être. Car, là encore, un dispositif peu habituel a été mis en place. En effet, chaque salle de classe se prolonge par un jardin.

Celui-ci est composé d'un platelage bois, protégé par le débord du toit, et d'une zone cultivable sous une couche de pouzzolane.

« Dans ce paysage rural, décrit Gauthier Martinez, il nous semblait inenvisageable de monter un mur de clôture de 1,80 m comme en ville. Le nôtre est donc plus bas, plus rustique et entouré d'une noue semblable à celles qui bordent les routes. » Ce muret délimite uniquement l'avant de l'équipement, côté rue. Il est remplacé à l'arrière, côté champ, par des ganivelles entre lesquelles poussent mûriers et framboisiers. L'ancrage dans un territoire passe aussi par ce genre d'attentions.

 

Informations techniques

Maîtrise d'ouvrage : commune de Maringues.

AMO : CRX Groupe.

Maîtrise d'œuvre : Studiolada (architecte). BET : Sylva Conseil (structure bois), BETMI (structure béton), Salto (acoustique), AES (fluides), CS2N (économiste), Eliamo (OPC), Algotherm (cuisine).

Principales entreprises : Chambon Construction (gros œuvre), Chambon Construction/Abiterre (béton de terre), Guilhot Construction Bois (charpente, ossature et bardage bois), Menuiserie Genevrier/Bamm (menuiseries extérieures), Menuiseries Ferreyrolles (menuiseries intérieures), Siegrist (couverture).

Surface : 2 720 m² SP.

Coût des travaux : 5,9 M€ HT.

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