Sur la place de la République, face à la préfecture, la rénovation du vieux palais des Beaux-Arts, construit à la fin du XIXe siècle, rend justice à son architecture imposante et met ses qualités retrouvées de composition et de construction au service d'une muséographie moderne. Sur l'arrière du bâtiment, le volume précis de l'extension démontre, à l'inverse, la capacité d'un objet expressément contemporain à parachever d'anciens desseins urbains en ouvrant le musée sur la ville. Cette constante mise en perspective de l'ancien et du nouveau caractérise l'approche des architectes Jean-Marc Ibos et Myrto Vitart, lauréats du concours organisé par le maire de Lille en 1990. Ils ont débarrassé l'architecture ancienne des ajouts parasites, investi les sous-sols pour y loger les plans-reliefs et l'art médiéval, creusé dans le prolongement une salle d'expositions temporaires. Sa couverture plane en panneaux de verre affleure comme une pièce d'eau dans le patio extérieur que délimite au sud la façade pointillée de miroirs des nouveaux bureaux de la conservation. Dans cette recomposition qui libère un axe d'espaces publics depuis le parvis jusqu'au restaurant au pied du bâtiment-lame, la muséographie s'adapte aux lieux : socles de béton pour les sculptures et coffres de verre pour les céramiques exposées sous les voûtes des galeries latérales, cimaises rouge pompéien pour les collections de peinture à l'étage, épais bastaings de chêne flotté et « rapiéçages » rustiques de l'appareil de brique des caves pour mettre en valeur l'art médiéval.
FICHE TECHNIQUE
Maîtrise d'ouvrage : ville de Lille.
Maîtrise d'oeuvre : Jean-Marc Ibos et Myrto Vitart, architectes ; Pierre Cantacuzène, chef de projet ; Sophie Nguyen, responsable façades et muséographie ; Khephren, ingénierie structures ; YRM Anthony Hunt & Ass., consultant façades ; Alto, ingénierie fluides ; Atec économiste ; Casso & Cie, sécurité ; Georges Berne, éclairagiste.
Surface : 28 000 m2 HON, dont 11 000 m2 d'extension.
Coût travaux : 150 millions de francs HT (bâtiment) et 30 millions de francs HT (muséographie).
Entreprises : Sogea, gros oeuvre ; PMB Eiffel, façades.
PHOTOS :
1. Jeux de réflexions autour d'un nouvel espace public.
2. Façades : traits de sérigraphie-miroirs, ossature d'Inox poli, monochromes or sur fond rouge.
3. Un recyclage pertinent des caves existantes.
4. Les galeries latérales décapées et équipées.
5. Verrière plane de la salle d'exposition temporaire.
6. Dans le grand hall restauré, deux lustres de Gaetano Pesce.
