Ce n'est pas le moment de se retrouver dans la pétole. Pour respecter son objectif d’au moins 45 GW d'éolien en mer en service en 2050 (ce qui représenterait plus de 20 % de la consommation électrique du pays), avec un point intermédiaire à 18 GW en 2035, le gouvernement doit en effet permettre l'accélération du déploiement et du raccordement des projets.
C'était tout le sens de la visite, ce jeudi 2 mai à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), du ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, et de son ministre délégué à l'Industrie et à l'Energie, Roland Lescure.
Sur place, les deux hommes ont assisté à la signature d'un contrat de 4,5Mds€ entre RTE, Chantiers de l’Atlantique et Hitachi relatif à la fourniture de postes électriques en mer pour les futurs champs éoliens offshore français (voir ci-dessous) et à l’inauguration du poste électrique commandé par Engie pour le parc d’Yeu-Noirmoutier. Ils en ont également profité pour faire le point sur les différentes actions mises en oeuvre pour le développement des éoliennes en mer.
Les parcs éoliens existants et à venir
Le parc de Saint-Nazaire est intégralement mis en service depuis 2022 (480 MW). Ceux de Fécamp (497 MW) et de Saint-Brieuc (496 MW) injectent déjà sur le réseau et devraient être intégralement actifs en mai et en juin 2024. Trois autres projets devraient être mis en service en 2025 et 2026 : Courseulles-sur-Mer (448 MW), Yeu-Noirmoutier (488 MW) et Dieppe-le-Tréport (496 MW). Le parc de Dunkerque (600 MW) est, quant à lui, envisagé à l’horizon 2028-2029 et celui de Centre-Manche 1 (1,2 GW) en 2031. Ce sont donc près de 4,6 GW, en comptant les trois fermes pilotes situées en Méditerranée, qui sont en développement sur les côtes françaises, auxquelles viendront s’ajouter l'énergie qui naîtra des projets dont les procédures d’attribution sont en cours.
Dans les tuyaux notamment, le lancement d’une neuvième procédure d’appel d’offres, avec son calendrier, pour des parcs éoliens en mer, posés et flottants confondus, portant sur 4 projets, représentant 2,5 GW, sur des zones déjà identifiées par le biais des débats publics menés entre 2021 et 2022, en sud-Bretagne (500 MW), Méditerranée (2 x 500 MW) et au large d’Oléron (environ 1000 MW).
D'après le gouvernement, cette neuvième procédure de mise en concurrence (AO9), mutualisée, qui vient en complément des procédures déjà en cours pour des projets de parcs posés au large d’Oléron (1,2 GW) et en zone Centre Manche 2 (1,5 GW), permettra une accélération du rythme d’attribution des projets. Avec cette 9e procédure, il est prévu d’introduire une clause de diversification permettant d’avoir plusieurs lauréats, afin d’assurer la performance et l’attractivité du marché de l’éolien français. La mise en service des parcs est prévue entre 2032 et 2035 selon les projets.
Un dixième appel d’offres, portant sur de la grande puissance est par ailleurs envisagé à l'issue des concertations concernant la cartographie des zones propices à l’éolien en mer à horizon 10 ans et à horizon 2050, qui sera publiée d’ici fin septembre.
Net Zero Industry
Côté réglementaire : le projet de loi de simplification de la vie économique comporte une mesure permettant de déroger à des règles de la commande publique afin de simplifier et d’accélérer la contractualisation par RTE des marchés nécessaires à la réalisation des ouvrages de raccordement des parcs éoliens en mer.
Et un décret réduira la durée de la procédure de mise en concurrence des futurs parcs éoliens, « en simplifiant drastiquement les modalités de préqualification et en réduisant la durée de la phase de dialogue concurrentiel et d’instruction des offres par la CRE », promet le gouvernement. « Une telle évolution devrait permettre de réduire la durée totale des procédures de mise en concurrence à environ 12 mois, contre 2,5 à 3 ans aujourd’hui, en incluant la réalisation des études en mer. L’anticipation des campagnes d’études en mer permettra également d’accélérer l’attribution des projets », assure-t-on du côté de Bercy.
Cheval de bataille de Bruno Le Maire et Roland Lescure, la réindustrialisation du pays devrait passer par le déploiement de la filière industrielle de construction des éoliennes. Pour cela, les ministres ont annoncé de mesures de soutien et notamment la mise en place d’une nouvelle politique d’achat par RTE avec la réalisation de grands marchés pour bénéficier d’économies d’échelle, la conclusion de partenariats industriels de long terme avec des industriels en veillant aux retombées sur le territoire et la standardisation des matériels.
D'autre part, les nouveaux critères d’éligibilité des soutiens publics (résilience des approvisionnements en équipements, cybersécurité, normes sociales mieux disantes) dans le cadre du règlement européen Net Zero Industry Act seront mis en oeuvre d’ici fin 2025 afin de soutenir l’industrie européenne de l’éolien en mer.
Les tâtonnements de l'éolien flottant
Qui est le lauréat pressenti de l’appel d’offres du projet de parc éolien en mer flottant au large de Belle-Ile-en-Mer (250 MW), premier parc éolien flottant commercial au monde à se voir attribuer un tarif d’achat ? Alors que la procédure de mise en concurrence qui avait réuni 10 candidats présélectionnés par la Commission de régulation de l’énergie (CRE), sur la base de leurs capacités techniques et financières, avait vu émerger un lauréat, celui-ci se serait désisté, selon Les Echos. De plus il n'aurait pas remis les « garanties financières attendues pour être désigné lauréat dans les quinze jours impartis », assure le quotidien économique qui croit savoir que c'est le groupe arrivé second qui aurait été finalement retenu par le gouvernement. Ce dernier s'est, quant à lui, contenté d'annoncer que « la publicité du lauréat interviendra une fois la garantie bancaire constituée, dans les prochains jours ». Rappelons que la mise en service de ce parc est prévue en 2031. En attendant, la CRE a publié le cahier des charges du 6e appel d’offres pour deux nouveaux parcs éoliens flottants de 250 MW en Méditerranée, au large de Fos-sur-Mer et d’Agde. La date limite de remise des offres est fixée au 14 août 2024, pour une attribution d’ici la fin de l’année. Il est prévu l’attribution du projet « à deux lauréats distincts, afin de minimiser les risques de retard de calendrier des projets et les risques technologiques, diversifier les stratégies industrielles et maintenir l’attractivité des appels d’offres ultérieurs en conservant un marché ouvert ».