Les marchés pour les deux premiers projets éoliens en mer, au large de l’île d’Oléron – pour une mise en service entre 2032 et 2034 –, ne sont pas encore attribués (les lauréats devraient être connus mi-2025 pour le premier et début 2026 pour le second), mais la région pense déjà à l’avenir. Trois zones ont été identifiées pour accueillir de futurs projets et, ainsi, viser la production de 7 gigawatt (GW) à l’horizon 2050, soit l’équivalent de la consommation d’énergie de 10 millions de personnes. Les zones identifiées pour installer l’éolien flottant ou posé (avec des fondations jusqu’à 70 mètres de profondeur), à proximité des projets en cours, sont celles qui génèrent le moins d’impact pour l’environnement et la pêche. Il s’agit du golfe de Gascogne sud avec une production d’énergie de 1,2 GW à l’horizon 2035 (appel d’offres en 2026) ; le golfe de Gascogne nord à l’horizon 2040 et le golfe de Gascogne ouest dans les dix ans à venir. Avec ces projets, la région pourrait ainsi produire 4,8 GW grâce à l’éolien marin. Et pour légitimer cette ambition, le conseil régional et la préfecture avance l’argument de l’existence d’une chaîne de valeur locale.

Après les deux premiers projets d’éolien en mer au large de l’île d’Oléron prévus pour 2032 et 2034, la région Nouvelle-Aquitaine a identifié de nouvelles opportunités de développement sur sa façade maritime. © Région Nouvelle-Aquitaine
Les formations déjà lancées
Au démarrage de cette chaîne, il y a la formation avec l’université de La Rochelle, lauréate de l’appel à manifestation d’intérêt « Compétences et métiers d’avenir » fin 2024 pour créer le Campus professionnel des énergies marines renouvelables (CAPéMARE). « Nous avons créé un consortium avec, notamment, le rectorat, concernant le lycée maritime de La Rochelle et celui de Montmorillon (Vienne) qui propose une formation à la fabrication et la maintenance des éoliennes. Nous serons prêts en 2030 », détaille Gérard Blanchard, président de l’université de La Rochelle. Cette dernière accueillera, notamment dès 2027, le master Eole, qui formera au métier de cadre de la filière des énergies marines renouvelables dans les domaines de l’environnement marin et des sciences de l’ingénieur.
Complémentarité des ports
Après la formation, viennent les chevilles ouvrières de ce projet : les ports. Les quatre structures de la façade maritime (La Rochelle, Rochefort-Tonnay-Charente, Bordeaux et Bayonne) s’étaient constituées en association depuis 2022, Aquitania Ports Link. Ils y ont développé le projet Aquitania Wind Energy. Déjà lauréats d’un appel d’offres pour mener des études sur le sujet, ils ont travaillé sur leurs complémentarité : la production et l’exportation des éléments en acier pour des flotteurs ou autre composant à Bayonne ; l’assemblage des flotteurs en acier ou béton, et leur mise à l’eau à Bordeaux ; l’intégration des éoliennes sur flotteurs, le stockage des mâts, pales et turbines, et la maintenance des parcs à La Rochelle ; et le stockage et l’expédition des équipements d’ancrage (ancres, chaînes) à Rochefort. « Il y a peu de travaux à réaliser au sein des différents ports et toutes les autorisations environnementales ont été accordées », précise Sandrine Gourlet, présidente du directoire du grand port maritime de La Rochelle. Les travaux d’adaptation dans les ports évalués à 200 millions d’euros pourraient être couverts grâce à l’appel à projet de l’Ademe « Infrastructures portuaires métropolitaines pour l’industrie de l’éolien flottant », auquel ils ont répondu et dont les attributions sont attendues en septembre.
Construction, recyclage et transport par dirigeables
Les entreprises, elles aussi, ont intégré le projet et certaines d’entre elles ont manifesté leur intérêt à faire partie de la filière. Comme Neo Sailing Technologies (NST), l’entreprise médocaine, à la fois chantier naval et écurie de course au large : « L’enjeu est de construire sur le territoire, insiste Fabienne Baron, présidente de NST, on s’intéresse au recyclage. Nous pouvons récupérer les fibres, les âmes et la résine pour en faire des bateaux… ou des pales ! Cette technologie est rare et nous pouvons la transférer à d’autres acteurs. » Alain Rousset, le président de la région, évoque même la possibilité de faire appel à l’appareil productif de l’aéronautique pour certaines pièces, il prône un sourcing des entreprises pour faire émerger des solutions. Même l’entreprise Flying Whales, qui peine à se concrétiser en Gironde comme le décrivent nos confrères de Sud Ouest, est partie prenante : « Nos dirigeables charges lourdes – des machines électriques décarbonées – pourraient réaliser le transport des pales d’éoliennes, même de plus de 100 mètres, pour les amener sur site et ainsi éviter le transport routier », indique Sébastien Bougon, président de Flying Whales. Il estime que sa solution permettrait de diviser les coûts de transports par trois.
Pour la Nouvelle-Aquitaine, la mise en place d’une telle filière représenterait 2,2 milliards d’euros de valeur ajoutée captée en région sur 15 ans et 20 % des dépenses totales captées en région ; plus de 1 700 postes à temps plein entre 2025 et 2040 ; 165 entreprises régionales identifiées sur l’ensemble de la chaîne de valeur de l’éolien et 393 millions d’euros de dépenses captées en région liés aux opérations portuaires.