Le plébiscite des Stéphanois a récompensé la diversification d’Apsys dans l’aménagement d’espaces publics récréatifs, entre les deux confinements de 2020, au cœur du nouvel ensemble immobilier commercial Steel.
Mutation paysagère
« Même pendant la fermeture des magasins, l’immense succès du Trottipark ne s’est pas démenti, avec une fréquentation de quelque 5000 personnes par jour », se félicite Manuel Tessier, directeur général de la société de gestion d’actifs.
Cette première coopération entre la foncière et l’agence de paysage lyonnaise Base a en a suscité plusieurs autres, depuis lors. Le design végétal réalisé avec des essences locales a permis au maître d’ouvrage de décrocher le label Biodivercity, pour la conception et la gestion du projet immobilier qui a mobilisé 200 millions d’euros d’investissements.
Autre signe du succès de l’opération, l’effet boule de neige s’est répandu dans le voisinage : la rénovation du centre commercial Centre Deux a suivi l’opération d’Apsys. La contagion a gagné un industriel emblématique de Saint-Etienne : plutôt que de déménager comme il l’avait envisagé, le chocolatier Natra a préféré injecter 15 M€ dans l’augmentation de ses capacités In Situ.
La résistance du carbone
Pour autant, Steel n’a pas totalement franchi le cap de la mixité, même si l'aménagement s’inscrit dans une vision urbaine dont l’Etablissement public d’aménagement de Saint-Etienne (Epase) garantit la cohérence : « Lauréats d’un concours lancé en 2014, nous sommes une brique dans une Zac de 66 ha », résume Manuel Tessier.
Mais le directeur général reconnaît les limites inhérentes à la juxtaposition des fonctions dans l’espace et à l'échelonnement de leur mise en œuvre dans le temps. En attendant la réalisation du tronçon d’1,5 km qui manque au tramway et faute de continuité dans les aménagements cyclables, le tout-automobile fait de la résistance dans l’entrée de ville aménagée sur d’anciens délaissés urbains. Les premiers chantiers de logement ne s’ouvriront qu’en 2024, sur d'autres terrains de la Zac.
Caméléon bordelais
« En huit ans, le monde a changé », poursuit Manuel Tessier. Avec le grand chantier de Canopia qui doit commencer en 2023 à Bordeaux sous la maîtrise d’œuvre de l’architecte Edouard François, le spécialiste de l’immobilier commercial entend franchir une nouvelle étape : « Sur des emprises en déshérence proches du centre-ville, l’EPA nous confie un projet urbain global de 67000 m2, comprenant des logements, de l’hôtellerie, du tertiaire, de la restauration, du loisir et des commerces. Notre investissement de 450 millions d’euros garantit à la fois la cohérence et la rapidité », annonce Manuel Tessier.
D’Alain Juppé à Pierre Hurmic, la foncière a démontré sa capacité d’adaptation à l’alternance municipale de 2020, mais aussi sa maîtrise d’un processus participatif, tant aux côtés des riverains que des commerçants locaux.
Commerçant un jour, commerçant toujours
Demain, le maître d’ouvrage promet d’encaisser les pics de chaleur, grâce aux 8500 m2 enherbés ou arborés et à la végétalisation des façades (9100 m2) et toitures (4300 m2). Apsys entend aussi anticiper les usages futurs, avec des bâtiments réversibles. La souplesse résulte d’intenses formations internes engagées en 2018.
Mais le directeur général de la gestion d’actifs ne voit dans cette mutation que la confirmation d’une compétence initiale : « Quand on sait construire des commerces, on maîtrise facilement les autres familles d’actifs », estime Manuel Tessier.