Entrées de ville (1/5) : Chartres éclaire les villes moyennes

Sur la voie d’accès à la cathédrale de Chartres pour les franciliens en provenance de l’autoroute Océane, le plateau Nord-Est revient de loin. Dans les années 2010, la commission nationale d’aménagement commercial avait refusé deux projets. Repensée dans le cadre d’Action cœur de ville et des nouveaux comportements des consommateurs, la nouvelle entrée de l’agglomération combinera des commerces de proximité avec la rénovation d’un quartier d’habitat social.

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CHANTIER PARC DES EXPOSITIONS À CHARTRES

Le plateau Nord-Est de Chartres entre dans les priorités de l’Etat par la grande porte : aux côtés d’une poignée d’autres projets de requalification d’entrées de ville, la Zone d’aménagement concerté de 40 ha figure dans la liste des sites pilotes que révélera la ministre des Collectivités locales Dominique Faure d’ici à la fin février, en présentant la feuille de route de la seconde phase du programme Action cœur de ville.

Revitalisation innovante

Chartres se propose de roder une disposition de la loi 3DS encore en attente de son décret d’application : les opérations de revitalisation du territoire (ORT) créées par la loi Elan pourront inclure des concessions d’aménagement commercial. Cette possibilité suppose une cohérence d’ensemble autour de l’objectif de renforcement des fonctions de centralité. Elle se traduira par un avenant à l’ORT signée en 2019.

Ancienne filiale du groupe Casino qui en est définitivement sorti en 2022, Mercialys se positionne sur cette nouvelle formule de montage. Chartres lui sert de démonstrateur d’un nouveau cap : « Nous restructurons nos actifs pour qu’ils correspondent aux usages actuels et à venir, dans des programmes concertés avec les collectivités », résume Stéphane Girard, directeur du développement et des relations institutionnelles de la foncière qui affiche 3 Mds€ d'actifs dans une cinquantaine de sites, avec 180 salariés. Les villes moyennes constituent sa cible privilégiée.

Nouveau cap pour Mercialys

A Chartres, deux sites vont disparaître ou se transformer. Sur le plateau nord-est, Mercyalis projette son avenir dans l’offre de proximité d’un quartier d’habitat social en voie de restructuration, où la foncière exploite d’autres commerces en mal de réaménagement. Elle prévoit d’en sacrifier 10 000 m2 qui tournent le dos à la ville. Cette recomposition précèdera la démolition du site de Lucé, à l’ouest de l’agglomération.

Concentrée sur 70 000 m2, la future offre du plateau Nord-Est découlera d’une étroite concertation avec les commerçants de centre-ville regroupés dans les Vitrines de Chartres : « Certains d’entre eux considèrent qu’ils n’ont plus leur place au cœur de l’agglomération. L’association se réjouit d’une valorisation du territoire au sortir de l’autoroute », soutient Stéphane Girard. Une consultation de maîtrise d’œuvre en instance calera la composante commerciale du de la Zac qui inclut par ailleurs 60 000 m2 d’activités tertiaires, en cours d’études par Idec.

Tourné vers la cathédrale

Garante de la cohérence globale de l’aménagement, la Société publique locale (SPL) Chartres Aménagement en résume l’objet principal : « Desserrer le quartier de La Madeleine où vivent 9000 habitants, dont beaucoup en habitat social », décrit Franck Masselus, P-DG de Chartres Aménagement et adjoint au maire chargé des finances et de la prospective. Promise à la désimperméabilisation d’une grande partie de son emprise, une ancienne base aérienne rachetée à l’Etat offre l’opportunité du desserrement annoncé, sans mettre fin à l’activité aéronautique.

Le déménagement du parc des expositions, dans un nouveau bâtiment que Rudy Ricciotti livrera en 2024, constitue le premier signal de la transformation du quartier. A l’issue d’un marché de définition qui a mobilisé trois équipes, le groupement composé d’Architecture Studio, Egis et Villes & Paysage a organisé l’ensemble autour d’un axe central et paysagé qui cadrera les vues sur la cathédrale. Le bus à haut niveau de services le desservira en 2025, dans un aménagement qui cherchera à invisibiliser la voiture individuelle.

Vitrine publique locale

Pour la collectivité qui investit 170 millions d’euros dans ce projet, y compris pour les équipements publics et les acquisitions, le Plateau Nord-Est offre une occasion de déployer les outils offerts par les SPL : « En complément de Chartres Aménagement, nos sociétés actives dans les transports et l’énergie nous permettent de répondre à toutes les problématiques », se réjouit Franck Masselus.

Sous la houlette de Chartres Métropole Energie, une étude en cours placera le nouveau quartier aux avant-postes de la transition énergétique : elle porte sur l’extension d’un réseau de chaleur et sur l’exploitation des ressources géothermiques.

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