Bati C2 a stimulé l’essor des matériaux biosourcés et des circuits courts dans l’espace transfrontalier franco-belge formé par le Grand Est, les Hauts-de-France, la Wallonie et la Flandre.
Ce projet financé par le programme européen Interreg avait été engagé en 2016 dans le but de développer l’écoconstruction par l’utilisation de filières de courte distance faisant appel à la ressource locale, et l’amélioration de l’adéquation entre offre et demande d’éco-matériaux.
Sa conférence de clôture, tenue le 30 mars, a dressé le constat que les premiers objectifs ont été atteints. « Le cercle vertueux a été enclenché, la mise en commun de connaissances apporte une plus-value. A la dynamique de se poursuivre à présent », a estimé Valérie de La Ville Fromoit, représentante de la CCI des Ardennes, l’un des partenaires de Bâti C2 (« Bâtiment et circuit court »).
Le projet a édité des cahiers techniques sur le bois, l’argile, le chanvre, la paille et le lin ainsi que des fiches techniques sur une quinzaine de produits. Il a permis à près de 2000 particuliers maîtres d’ouvrage d’utiliser des matériaux biosourcés et locaux.
Sous-traitants et bois locaux pour l’Heureux-Abri
Plusieurs réalisations emblématiques le distinguent. L’entreprise familiale belge de construction bois Stabilame a multiplié les projets mettant en œuvre sa maîtrise des systèmes constructifs poteaux-poutres, ossature, madriers, CLT (lamellé-croisé) cloué et CLT collé, lui permettant une application à la carte en fonction de la nature des chantiers.
Par exemple, la reconstruction jusqu’à fin 2020 de l’école spécialisée Heureux-Abri à Momignies (Wallonie) avec l’Atelier de Tromcourt (architecte) s’est opérée par recours à des sous-traitants concentrés dans un rayon de 60 kilomètres, avec du bois belge certifié PEFC. Les 1 100 m2 de bâtiments et préau ont consommé 228 m3 de bois en structure (CLT collé) et bardage. Stabilame s’est également associée à l’architecte parisien Kevin Velghe (agence KVA) pour l’hôtel « Bercail » en cours de finition à Wambrechies près de Lille (Nord). Construit en CLT pour ses murs et planchers, il se caractérise par sa cage d’ascenseurs en bois.
La laine de mouton économise les kilomètres
En Lorraine, l’émergence d’une filière d’isolation en laine de mouton à l’initiative du Parc naturel régional doit beaucoup au dialogue transfrontalier qui s’est instauré avec Bâti C2 « Nous avons pu nous appuyer sur le cluster éco-construction de Namur pour mieux connaître les caractéristiques du matériau comme isolant et en préparer les certifications futures. Le lavage de la laine s’effectue à Verviers en Wallonie dans la dernière grande unité spécialisée d’Europe. Les partenaires wallons ont déterminé le prix d’achat de la laine qui permettrait de faire vivre la filière locale décemment, soit 3 euros par kilo, dix fois le cours actuel sur un marché totalement mondialisé. De façon générale, la création d’une filière de transformation locale est sans commune mesure, en terme de bilan CO2, avec les pratiques courantes actuelles qui consistent à envoyer la laine en Asie pour la faire revenir », décrit Jean-Marc Gaulard, chargé de mission au Parc naturel régional de Lorraine.
De nombreux autres matériaux biosourcés trouvent dans l’espace de Bâti C2 des terrains d’expérimentation et d’application, comme la paille (bureaux du cluster éco-construction de Namur en démarrage de chantier), ou les bétons de chanvre, objets d’un plan de déploiement progressif pour l’isolation des logements du bailleur Maisons & Cités dans le Nord. Les porteurs du projet Bâti C2 (1) resteront mobilisés pour prolonger la dynamique.
(1) Centre C2E (Hauts-de-France), Envirobat Grand Est, CCI des Ardennes, Bureau économique de la province de Namur, cluster éco-construction (Wallonie), associations Ligne Bois (Wallonie) et Bas-Bouwen (Flandre)
