Les élèves en architecture ont commencé par s’allonger sur les pavés de la place Charles-III à Nancy (Meurthe-et-Moselle) pour dénoncer symboliquement la mort de leur discipline, avant de prendre leurs crayons, feutres et fusains et d’engager le dialogue avec les passants.
Ce vendredi 17 mars dans l’après-midi, près de 200 étudiants du collectif « Ensa en lutte Nancy » ont occupé cette place du centre-ville avec des maquettes, des chevalets ainsi qu’une fresque de 40 mètres posée au sol. Cette mobilisation est venue clôturer une semaine sans enseignements marquant le ralliement de l’école lorraine au mouvement national des Ensa démarré en février à Rouen.

« Depuis ce vendredi, les vingt Ensa de France sont mobilisées ! Nancy a quelque peu tardé à entrer dans la contestation, car nous avons la chance d’avoir des enseignants et des personnels administratifs particulièrement résilients. Ils avaient fini par s’habituer à une situation anormale ! », pointe Valentin Amiotte, porte-parole du collectif « Ensa en lutte Nancy ». L’étudiant fait notamment référence à la délocalisation de l’école nancéienne en 2017 suite à un effondrement d’une de ses façades. Les élèves n’avaient pu réintégrer leurs locaux qu’à la rentrée 2021.
Dans la capitale des ducs de Lorraine, le collectif dénonce, pêle-mêle, des bâtiments surchargés par l’accueil de 690 étudiants, ainsi que « des professeurs absents et non remplacés, des encadrements de mémoire non-assurés, des moniteurs étudiants qui réalisent des remplacements de personnel, des plafonds qui fuient ou encore des voyages scolaires annulés ».
Arthur Clément, enseignant vacataire, estime que « ce mouvement parti des étudiants nous concernent tous, car il questionne nos conditions d’exercice et la place de l’architecte dans notre société. Comment peut-on dispenser une formation d’architecte au rabais d’un côté et invoquer de l’autre des enjeux vitaux de transition énergétique ? »
Perte de trois équivalents temps plein
Pour sa part, Clémence Cassard, documentaliste et élue CGT à l’Ensa de Nancy, explique avoir alerté la direction en octobre dernier en Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) sur l’état de surmenage des personnels enseignants et administratifs, représentant un total 111,5 équivalents temps plein. « Nous venons de lancer une enquête avec le soutien de la direction auprès des personnels sur leurs conditions de travail. Plusieurs collègues administratifs sont en arrêt pour burn-out depuis la rentrée ! Ce n’est pas surprenant car depuis la réforme de 2018, nous devons gérer davantage de tâche, parmi lesquelles le recrutement, le tout avec moins de moyens puisque notre école a perdu trois équivalents temps plein en 5 ans », explique-t-elle.
L’assemblée générale réunie ce 17 mars à l’Ensa Nancy a voté, à une large majorité, la poursuite de l’arrêt des cours pendant une semaine supplémentaire, jusqu’au 24 mars. Eloïse Voekel, étudiante en première année de Master, explique que « ce temps va être mis à profit pour rédiger un plaidoyer commun aux étudiants, enseignants et administratifs qui viendra alimenter un plaidoyer national. Nous allons également demander à être reçus par la ministre de la Culture ». Les élèves de l’Ensa espèrent que leur mouvement, quelque peu éclipsé cette semaine par la contestation de la réforme des retraites, va désormais gagner en visibilité.
