Energie : RTE esquisse les grands axes de son plan à 100 Mds €

Le gestionnaire national du transport d'électricité veut mener à bien d'ici 2040 les transformations du réseau pour coller aux objectifs de décarbonation et de réindustrialisation français.

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D'ici 2040, 23 500 km de lignes aériennes et 85 000 pylônes seront renouvelés avec l'objectif d'adapter 80 % des infrastructures au changement climatique avant d'atteindre 100 % en 2060 (ici, en 2021, à l'usine marémotrice de Plouër-sur-Rance, dans les Côtes-d'Armor).

Avec 100 Mds € d'investissements sur quinze ans, RTE s'apprête à produire un effort comparable au développement du réseau après la Seconde guerre mondiale et à la construction du parc nucléaire entre 1970 et 1990. « Une troisième phase qui doit nous préparer à ce que l'électricité devienne la source d'énergie majoritaire dans le mix français à l'horizon 2050 », selon le président du directoire, Xavier Piechaczyk. Sur les 106 000 km du réseau, 40 000 km feront l'objet de travaux. Un quart des lignes aériennes, soit 23 500 km, et 85 000 pylônes, seront renouvelés avec l'objectif d'adapter 80 % des infrastructures au changement climatique avant d'atteindre 100 % en 2060.

« Aujourd'hui, un tiers de ces lignes est exposé aux fortes chaleurs, constate Chloé Latour, directrice stratégie et régulation de RTE. Il faut éviter que les câbles ne se rapprochent du sol et causent des incendies, comme en Californie. » La solution passe par l'utilisation de matériaux plus résistants à la chaleur, ainsi que par le relèvement des lignes. La mise à l'abri des 24 % de postes électriques susceptibles d'être inondés en cas de crues centennales futures passera, elle, par des surélévations ou l'installation de portes étanches. L'ensemble de ces chantiers, évalué à 24 Mds €, donnera la priorité au réseau 400 000 volts, celui qui conditionne l'alimentation des autres niveaux de tension.

Connexion des parcs éoliens en mer. Autre axe majeur du programme, le raccordement au réseau de transport des consommateurs d'électricité (industrie, hydrogène, numérique et data centers) et des producteurs (éolien offshore, nouveau nucléaire) constitue « un enjeu de planification temporelle, spatiale et industrielle qui va porter sur un volume sans précédent dans l'histoire de RTE », estime Thomas Veyrenc, directeur général en charge de l'économie, de la stratégie et des finances. En tête des priorités : les sites industrialo-portuaires de Dunkerque, Le Havre et Fos-sur-Mer où les travaux de renforcement devraient s'achever en 2028-2029. La construction prévue de six nouveaux réacteurs EPR sur les centrales existantes de Penly, Gravelines et Bugey nécessitera également un renforcement des lignes. Quant à la connexion des futurs parcs éoliens en mer (45 GW en 2050), il constitue « un défi industriel de très grande envergure », selon RTE. « Nous sommes face à un enjeu de passage à l'échelle avec des parcs plus grands, plus éloignés des côtes et donc des raccordements plus coûteux », estime Thomas Veyrenc. Le gestionnaire de réseau veut relier au minimum deux parcs par an et veillera surtout à ce que leur cadencement soit lissé, une exigence qui se répercutera nécessairement sur leur mise en service. Le besoin de câbles sous-marins, un matériel en tension dans toute l'Europe, inquiète l'entreprise, qui prend les devants : « Nous avons engagé des discussions avec des câbliers afin que nos marchés incitent à localiser une nouvelle installation de production en France », poursuit Thomas Veyrenc. Identifier les conditions et leviers associés à la création d'une telle usine est une priorité du gestionnaire de réseau pour 2025.

RTE vise également la limitation des congestions, ces embouteillages d'électrons très coûteux à gérer qui pourraient s'accroître avec l'augmentation des flux d'électricité : de 100 M€ en 2024 - un montant qui se répercute sur les consommateurs -leur gestion pourrait atteindre 3 Mds € par an en 2035.

Pour limiter l'impact visuel du renforcement du réseau, le gestionnaire mise sur la transformation ou le doublement des lignes existantes, évitant la construction de 30 % de lignes aériennes supplémentaires. Sont d'abord concernés le Massif central, avec une mise en service en 2030, et l'axe Normandie-Picardie.

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