« Aujourd'hui, l'activité énergie d'Alstom (1) c'est 50 % de ventes de produits et deux fois 25 % qui vont, d'une part, dans les services, de l'autre, dans l'ingénierie et le montage de projets. Bref, de l'immatériel », explique Claude Darmon, le directeur général d'Alstom. En effet, avec la dérégulation mondiale de l'énergie, de nouveaux métiers apparaissent : spécialistes des utilities, brokers d'énergie (2), responsables maintenance systèmes, monteurs d'opération, en BOT, etc.
Ainsi, Alstom est devenu numéro un aux Etats-Unis sur le marché de la gestion de l'énergie (25 % de part de marché) grâce au succès du système Oasis (3). Si la dérégulation affecte encore peu la France (car EDF reste son propre dérégulateur), Alstom s'implique dans ces nouveaux métiers en intervenant à l'export tandis qu'en Europe, l'Allemagne et le Royaume-Uni sont les pays cibles. Même situation pour la cogénération où la brèche dans le monopole d'EDF a été limitée à 1 000 MW. Mais de nouveaux acteurs se font jour (SNCF notamment). De plus, les grands consommateurs d'énergie (papetiers, cimentiers) sont intéressés. Enfin, la cogénération va de pair avec les métiers de la maintenance, « un des nouveaux secteurs clés pour le groupe, avec les services (4), qui ont progressé de 32 % en un an pour dépasser la barre du milliard d'écus », souligne Claude Darmon.
Alstom, renforcé par Cegelec, est devenu un véritable ensemblier de l'énergie
Avec l'intégration de Cegelec (10 milliards de francs de chiffre d'affaires), Alstom a enrichi sa palette d'offres : contrôle-instrumentation, lignes, ingénierie software, projets clés en main..., devenant ainsi l'un des rares véritables ensembliers du secteur. « Nous sommes très satisfaits de ce que nous avons trouvé chez Cegelec, notamment une expertise appuyée sur 2 000 ingénieurs, également tournés vers le software ; mais aussi une expertise de pointe dans des secteurs comme la propulsion marine ou les moteurs électriques. Un point essentiel car tout évolue vers les systèmes intelligents : sous-stations, turbines, transformateurs, etc. », poursuit Claude Darmon.
Pour prendre le leadership dans des secteurs clés, comme l'électronique de puissance ou les navires rapides, Alstom investit dans la recherche-développement et la recherche avancée (voir encadré).
(1) Avec 430 000 MW, Alstom totalise 15 % de la puissance mondiale installée. (2) Des sociétés privées, les brokers, achètent de l'électricité sur des bourses d'échanges. Les industriels leur achètent ensuite cette énergie au meilleur coût. (3) Alstom a vendu 65 % des systèmes Oasis en activité. (4) Les services vont de la vente de pièces détachées au reprofilage de centrales existantes.
graphique : ventilation de l'activite
L'énergie et le transport-distribution d'énergie représentent 45 % de l'activité d'Alstom. Avec l'intégration de Cegelec, le groupe est l'un des rares ensembliers mondiaux du secteur.