La « vêture la plus décarbonée du marché » s’est dévoilée en Bourgogne chez son fabricant. L’entreprise de revêtements de façade Myral, basée à Is-sur-Tille (Côte-d’Or), a présenté, ce 17 juin, son nouveau panneau isolant qui entend marquer une rupture avec l’offre existante, de par son recours massif à de la matière recyclée. Il en incorpore 50 % au cumul des solutions alternatives à la ressource vierge trouvées pour l’aluminium, la mousse polyuréthane et le PVC qui le composent. Titulaire d’un avis technique du CSTB depuis le début de l’année, ce produit limite ainsi ses émissions de CO2 à 21,6 kg par an, soit une diminution de 44 % par rapport à la version précédente. « La comparaison avec les fiches FDES de 150 produits français et européens nous place dans le top 5 des plus faibles impacts carbone parmi l’ensemble des familles d’isolation thermique par l’extérieur (vêtures, bardage, panneaux sandwich, etc.) et en première position dans les vêtures, notre spécialité », relate Sylvain Bonnot, président de Myral.
La PME emploie 120 salariés et réalise un chiffre d’affaires de 30 millions d’euros (au cumul de la préfabrication annuelle de 300 000 m2 et de trois sociétés de vente et de pose par un réseau de 26 franchisés sur 80 % du territoire national). Elle estime n’avoir franchi qu’une étape avant d’autres sur son chemin de décarbonation, selon son directeur Julien Bagnard : « Nous pensons pouvoir parvenir à -68 % d’émissions et à 60 % de part du recyclé ».
L’actuelle proportion de 50 % résulte de scores variables selon la matière. Pour l’aluminium constituant la finition, qui est fourni par les fabricants Arconic et Speira, le taux monte à 75 % (voire dans certains cas à 92 %) : des canettes de boissons principalement, mais aussi des boîtes de conserve, des éléments de bardage ou de vieilles plaques d’immatriculation sont refondues à destination du fabricant bourguignon. Le PVC des rives de fixation – à l’origine d’un système exclusif d’emboîtement – provient, pour la moitié de son volume, de menuiseries déconstruites. Elles sont récupérées par une unité de recyclage du groupe Veka relativement proche à Vendeuvre-sur-Barse (Aube) pour redevenir des granulés prêts à entrer dans la ligne d’extrusion de Myral. Quant à la mousse polyuréthane isolante, « la possibilité de revalorisation concerne le polyol, parmi ses différents composants (comme l’isocyanate) », indique Julien Bagnard. Elle est plus limitée : en recourant à des solutions récentes d’industriels de séparation du polyol de bouteilles usagées en PET, Myral alimente de la sorte 15 % de sa mousse.

Les menuiseries PVC déconstruites sont regranulées pour intégrer la ligne d’extrusion de rives de fixation dans cette matière. © Christian Robischon
L’entreprise a consacré « plusieurs centaines de milliers d’euros » à la mise au point de son offre. Celle-ci tient les objectifs de performance économique et technique fixés : pas de surcoût par rapport à la gamme précédente de Myral constituée de matière vierge, et une résistance thermique égale, et en fait même légèrement supérieure avec un R de 1,45 m2.K/W pour l’isolant polyuréthane de 32 millimètres d’épaisseur. L’ensemble du panneau de 50 centimètres, avec son ossature bois, atteint un R « entre 6 et 7 », évalue Julien Bagnard.

Les bobines d’aluminium sont constituées d’au moins 75 % de déchets de cette matière : canettes, plaques d’immatriculation, vieux bardages, etc. © Christian Robischon
Rachat en cours par Aramis
Myral entend ainsi « prendre un temps d’avance », selon la conviction que la demande sur son marché ira vers le décarboné à plus ou moins long terme. La PME lance cette nouveauté à un moment charnière de son histoire débutée en 1987 par les parents de Sylvain Bonnot : elle s’apprête à rejoindre le groupe Aramis de transformation d’aluminium.
Déjà actionnaire minoritaire depuis 2020, celui-ci va prendre le contrôle cet été puis acquérir l’intégralité du capital à l’été 2025. « Nous apportons une solution de reprise industrielle et familiale, qui présente une excellente complémentarité avec les spécialités que nous avons intégrées au fil de croissances externes précédentes », souligne Jean-Bernard de Poret, directeur des fonctions support d’Aramis. Ce groupe, propriété de la famille Micouleau, compte une dizaine de sites de production : gouttières - sa fabrication historique à Bordeaux (marque Dal’Alu), panneaux sandwich, bardages et menuiseries en France et dans la région de Berlin en Allemagne. Il totalise 400 millions d’euros de chiffre d’affaires et le rachat de Myral lui fera passer la barre symbolique des mille salariés.