Les équipes de l’association momentanée Smulders (groupe Eiffage) et Equans s’affairent autour de l’imposante structure. Le groupe Eiffage s’occupe essentiellement de la partie métallique qui comprend les fondations et les structures de la plateforme, l’engineering, la production, l’installation et la mise en service, Equans est responsable de toute la partie électrique basse tension et des systèmes auxiliaires (éclairage, protection contre le feu, batteries pour assurer en permanence la sécurité de l’installation).

Installation des transformateurs sur la sous-station électrique.
Pour ce qui est de la partie moyenne tension et haute tension, les équipements sont fournis et intégrés sur la plateforme. Une fois l’assemblage de la fondation Jacket et de la sous-station finalisés, les deux éléments seront lentement descendus sur une barge qui les transportera vers le futur champ éolien dans la baie de Saint-Brieuc.
La structure
Dimensions: 53,55 m x 31 m x 21,5 (LxWxH)
Poids: +/- 3400 tonnes
Une visite à Hoboken où se poursuit la construction de la sous-station permet de se rendre compte de l’importance du chantier, de sa complexité mais aussi de l’attention toute particulière qui a été concentrée sur la sécurité, notamment avec le dédoublement de certains éléments pour éviter des fuites et des accidents éventuels. En cas de nécessité d’évacuation, une zone d’hélitreuillage est également prévue.
Petit compte à rebours
Les deux parcs de St Nazaire et de St Brieuc seront les deux premiers projets éoliens à être réalisés en France. Lauréate en avril 2012 suite à un appel d’offres pour le projet de parc éolien en mer de la Baie de St-Brieuc, Ailes Marines est en charge du développement, de la construction et de l’exploitation du parc éolien en mer, dans la zone définie au large des côtes bretonnes. Pour mener à bien le projet, elle compte sur une équipe projet multinationale.
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Les parcs éoliens de St Nazaire et St Brieuc devraient être mis en service respectivement en 2022 et 2023. « Ces parcs sont différents, explique Stéphane Alain Riou, directeur développement & territoire, bureau de St-Brieuc, Ailes Marines. Ils ne font pas appel aux mêmes technologies : Saint-Nazaire est construit sur des monopieux, les éoliennes de St-Brieuc sont réalisées sur des jackets de 3 pieux. Ce ne sont pas les mêmes process de fabrication. D’autre part, les câbles du champs de St-Brieuc ont été enterrés pour deux raisons principales : l’une liée à l’exploitation elle-même, à savoir que les câbles lorsqu’ils sont enfouis sont protégés et l’autre pour une raison de sécurité maritime afin de permettre des activités de pêche, de chaluts et de dragues (sans croches). »

Cet enfouissement est assez rare et a un surcoût. Le champ a été remonté de 6 km au nord pour protéger le gisement principal de coquilles Saint-Jacques de la zone et éviter de gêner les activités de chalut. D’autre part, alors qu'il était au départ de 100 éoliennes de 5 MW, le champ a été limité à 62 éoliennes. L’objectif d’Ailes Marines est de faire en sorte que le parc permette les activités marines tout en étant en exploitation. Le champ a une durée d’activité d’environ 35 ans. Même si le projet fait actuellement l'objet d’une instruction, le chantier se poursuit de manière à ce que ce projet se termine comme prévu au deuxième trimestre 2023.
Une nouvelle filière ?
La filière de l’éolien offshore est actuellement en développement en France quant elle est déjà mature dans d’autres pays européens. Quelque 5 500 turbines sont ainsi déjà en mer en Europe. « Le site de Hoboken - ancien site de construction maritime, reconverti dans la construction de plateforme pour le gaz, le pétrole et désormais l’éolien - a réalisé plusieurs plateformes éoliennes pour la Belgique, l’Angleterre, l’Allemagne, la Hollande et aujourd’hui la France », précise Pierre Mossoux, responsable de projet travaillant essentiellement sur la plateforme de Saint-Brieuc.
Pour développer un réseau en France, il faut s’appuyer sur la filière européenne car la technologie est récente. Pour y participer, il faut être qualifié et certifié. L’éolien convient en mer mais au-delà de 40 à 50 m de profondeur d’eau, on ne peut plus l’installer. C’est le cas par exemple en Méditerranée qui a un plateau continental très court. Pour ce type de fond, il est important d’avoir du flottant car ce système permet malgré tout d’installer des éoliennes en mer. « Aujourd’hui, on estime qu’environ 80 % des côtes européennes où on pouvait installer des systèmes posés, sont déjà installées ou saturées. Si on veut continuer à développer de l’éolien en mer, il faudra passer par la case « éolien flottant ». On est actuellement sur les toutes premières fermes pilotes. On pense que c’est l’avenir dans les 4 à 6 ans qui viennent et que cela va commencer à se développer de manière industrielle », conclut Stéphane Alain Riou, qui pour l’instant se consacre entièrement à la phase construction du champ éolien de St-Brieuc.
Les grands chiffres du projet
• Production d’électricité verte en 2023 équivalente à 9 % de la consommation électrique de la Bretagne
• 3 ans de travaux
• Au moins 25 ans d’exploitation
• Investissement > 2,4 milliards €