Pourquoi avoir créé Grand Paris Habitat en janvier 2015 ?
Manuel Flam: Nous avons créé Grand Paris Habitat avec l’objectif de doubler notre production de logements sociaux en Ile-de-France en mutualisant nos forces de développement et de maîtrise d’ouvrage. En cumulé, Osica et Efidis construisaient entre 1 000 et 1 500 logements par an, nous nous sommes donc fixé l’objectif de dépasser les 3 000 logements sociaux par an. Après un an et demi de fonctionnement, Grand Paris Habitat a réussi cette montée en puissance puisque nous prévoyons aujourd’hui un atterrissage pour 2016 proche de 3 200 logements sociaux.
Grand Paris Habitat a signé plusieurs conventions avec des acteurs du Grand Paris. Qu’en attendez-vous ?
M. F.: Nous avons signé avec plusieurs opérateurs du Grand Paris pour nous mettre en situation de produire plus sur les fonciers stratégiques. Dans le cadre de la convention passée avec la Société du Grand Paris (SGP), le groupe SNI s’engage à reloger toutes les personnes déplacées à l’occasion du chantier du Grand Paris Express et, en retour, la SGP nous donne un droit de premier regard sur les fonciers stratégiques des sites de gares. Autre exemple, celui du protocole avec l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) : le groupe s’engage à construire du logement intermédiaire pour la fonction publique hospitalière et, en contrepartie, l’AP-HP nous donne un droit de premier regard sur les fonciers qu’elle cherche à valoriser.
Grand Paris Habitat a aussi signé une convention avec la préfecture de la région Ile-de-France…
M. F.: Le préfet de région, Jean-François Carenco, s’engage à nous aider autant que faire se peut à réaliser nos objectifs de production de logements sociaux et intermédiaires notamment à travers la fluidification des demandes d’agréments et de subventions associées. De son côté, le groupe SNI prend l’engagement d’accélérer la production de logements en Ile-de-France mais aussi d’améliorer l’accès au logement des Franciliens les plus modestes et, notamment, en augmentant dans nos résidences sociales la part d’attribution de logement aux ménages relevant du «Dalo» (Droit au logement opposable). Ces différentes conventions ont permis à Grand Paris Habitat de rentrer dans l’«atmosphère» du Grand Paris et de s’imposer progressivement comme l’acteur de référence du Grand Paris du logement.
Y a-t-il déjà des retombées concrètes ?
M. F.: Nous avons déjà un très beau projet avec l’AP-HP au Kremlin-Bicêtre et un autre, boulevard de Sébastopol à Paris: nous allons reprendre un immeuble qui a été détruit par un incendie. En revanche, sur les sites des futures gares du Grand Paris Express, il est encore trop tôt pour mesurer les premières retombées.
Quels sont vos projets pour les mois à venir ?
M. F.: Parce que le regroupement de nos équipes a été extrêmement efficace, nous avons pris la décision en début d’année de faire aussi porter à Grand Paris Habitat la production du logement intermédiaire. Dans ces conditions, l’établissement SNI Ile-de-France a adhéré aux côtés d’Osica et d’Efidis au GIE de moyens. Nous sommes actuellement en cours de consultation avec les instances représentatives du personnel. Dès le 1er septembre 2016, Grand Paris Habitat sera l’interlocuteur unique des acteurs franciliens pour construire du logement social et du logement intermédiaire sur le territoire francilien et donc le bras armé du groupe SNI en Ile-de-France. Il construira 35 000 logements sociaux et intermédiaires à l’horizon 2020. Près de 5 milliards d’euros seront investis pour atteindre cet objectif.
En matière de production de logements intermédiaires, quel sera plus précisément le rôle de Grand Paris Habitat ?
M. F.: Yves Chazelle, directeur général du groupe SNI, en charge du pôle intermédiaire, continuera à négocier en bloc avec les promoteurs l’acquisition de logements en «vente en l’état futur d’achèvement» (Vefa). Ensuite, le suivi des opérations sera assuré par les équipes de Grand Paris Habitat, ce qui permettra notamment de bien coordonner les opérations mixtes de logement intermédiaire et de logement social.
Envisagez-vous de recourir à la maîtrise d’ouvrage directe ?
M. F.: Pour construire en maîtrise d’ouvrage directe, il faut maîtriser le foncier et, donc, au préalable, l’acquérir pour ensuite produire des logements. Entre le moment où on achète un terrain et celui où on livre l’opération, il se passe en moyenne quatre ou cinq ans. La Vefa nous donne la possibilité de livrer les logements acquis dans un délai de 18 mois. Dans la perspective d’un plan de relance, ce qui est notre cas, la production en Vefa est donc incontournable.
Quelle est la part de la Vefa dans la production de logements sociaux ?
M. F.: Elle représente plus de la moitié de la production de logements sociaux. Là aussi, c’est tout simplement parce que nous ne maîtrisons pas le foncier. Pour produire vite, il faut acheter en Vefa.
Est-il prévu que le GIE Grand Paris Habitat s’ouvre à des bailleurs sociaux extérieurs au groupe SNI ?
M. F.: Un office public de l’habitat francilien a déjà adhéré à Grand Paris Habitat et lui a confié le soin de construire 200 logements neufs et d’en réhabiliter 600 pour son compte. D’autres offices publics ou SEM sont également intéressés et nous envisageons déjà aujourd’hui de nouvelles adhésions d’ici la fin de l’année.
La densification est-elle une piste pour produire des logements ?
M. F.: C’est une piste de développement extrêmement importante pour nous. Je conduis actuellement une étude avec le «Plan urbanisme construction architecture» (Puca) pour recenser l’ensemble des fonciers disponibles que nous maîtrisons d’ores et déjà. C’est une source d’avancée très intéressante. Les opérations de densification sont peu coûteuses puisque nous maîtrisons déjà le foncier.
Le groupe SNI envisage de réaliser à Sarcelles une opération expérimentale de logement intermédiaire. De quoi s’agit-il ?
M. F.: Tout d’abord, le groupe SNI est très présent à Sarcelles à travers sa filiale Osica qui possède et gère 4 000 logements, soit 40% du parc social de la commune. L’opération de 200 logements menée à titre expérimental s’appelle «Les Nouveaux Villages de Sarcelles». Il s’agit de logement intermédiaire mais proposé à un loyer plus faible, comparable à celui du logement social. L’objectif est d’attirer une population de classe moyenne pour reconstruire de la mixité sociale par le haut dans le grand ensemble de Sarcelles. Pour y arriver, nous allons d’une part construire un bâtiment évolutif capable de s’adapter au marché et aux besoins des résidents et, donc, d’accompagner la requalification urbaine du quartier et, d’autre part, y associer les services attendus par cette population, supports d’une vie quotidienne facilitée et de lien social (un équipement «petite enfance», une pépinière, un espace de coworking, etc.). C’est assez innovant et c’est pourquoi ce projet a reçu cette année le prix spécial du jury du Lab CDC «Architecture de la transformation».
Après «Réinventer Paris», allez-vous candidater à «Inventons la métropole du Grand Paris» ?
M. F.: «Réinventer Paris» est une initiative extrêmement intéressante, qui a permis un bouillonnement d’idées et la mise au point de projets innovants. Le groupe SNI, associé à BDP Marignan, X-TU Architectes et MU Architectes, est l’un des 23 lauréats de la consultation avec le projet «In Vivo», dans le XIIIe arrondissement, un programme mixte qui intégrera une biofaçade productrice de microalgues. Nous nous positionnerons évidemment, dans le cadre de groupements de promoteurs, pour répondre positivement à l’appel à projets lancé conjointement par l’Etat et la métropole du Grand Paris.