L'œil et le sourire espiègles et une franche attitude à décoiffer ses camarades énarques ! Nicole Poix a été la première femme à la barre de l’imposante Direction de l’environnement et de la propreté de Paris avant d’être la seconde à la tête de celle des parcs et jardins « le domaine le plus captivant » auquel elle ait eu affaire.
De l’ENA aux parcs et jardins. Après l’aménagement du territoire, l’ingénieur, diplômée de l’Institut industriel du Nord à Lille abandonne, en 1984, son poste à la Datar et « repart de zéro » pour préparer l’ENA. À sa sortie, pour la ville de Paris, elle fait connaissance avec le budget, l’éducation, l’assainissement, l’environnement… Et depuis plus d’un an, « le soldat de la République » gouverne une « armée » de 4 250 agents à la Direction des parcs et jardins de la capitale. En tout, 1 400 jardiniers, 180 bûcherons grimpeurs, des paysagistes, des biologistes, des botanistes, des fontainiers, des forgerons, des fermiers, des fossoyeurs, des gardiens et… 2 chevaux employés au Bois de Vincennes, où se trouvent une ferme et l’École Du Breuil. Sans oublier 100 000 arbres alignés sur 1 520 rues (soit 600 km), 6 fois plus dans les parcs, jardins, cimetières, 3 millions de plantes produites à Rungis, 300 ha de pelouses, 7 000 engins horticoles et 700 bâtiments à entretenir. Avec un budget de fonctionnement (hors personnel) de 30 millions d’euros et 65 millions d’investissement (de quoi impressionner tous les SEV de France !) pour accompagner la création de 30 ha d’espaces verts nouveaux promis aux parisiens, une opération menée en tandem avec Yves Contassot, l’élu vert.
Un futur service de l’arbre ? Son cheval de bataille : « assurer les projets sans changer les effectifs grâce à une gestion optimisée et un service performant ». Ses priorités : « faire évoluer les productivités et supprimer le gaspi à la source : moins d’engrais pour espacer les tontes, préférer le râteau à la souffleuse trop bruyante, utiliser l’eau de pluie… ». Sa philosophie se décline en quartiers verts, espaces civilisés, jardins partagés, murs végétalisés, taille douce, biodiversité, lutte bio et peut être un futur « service de l’arbre et des bois » et un plan vert intégré au PLU. Tout un programme… « Pourtant, je n’ai pas vraiment la main verte et j’ai toujours vécu en appartement ! » avoue-t-elle, prête à faire un stage d’ouvrier spécialisé en paysage. Une immersion « pour comprendre avant de décider », comme elle le pratiquait déjà lors de ses stages à l’ENA : aide soignante à l’Hôpital Saint Antoine, vendeuse de tickets au métro République, conductrice de bus et sur le terrain avec les éboueurs et les cantonniers à son arrivée à la Direction de la Propreté ! « Pourquoi les femmes seraient uniquement promises au scolaire et au social ? » Fière de ses gênes féministes hérités de sa grand-mère et de sa mère, Nicole Poix reste convaincue que leur place n’est pas qu’au foyer et, en ce qui la concerne, « surtout pas confinée sous l’écorce de l’arbre, mais sur le terrain, au plus près de ses agents. »
