Electricité Fin des lampes à incandescence : les entreprises font face

La fin programmée des lampes à filament, qui représentent en France 80 % du parc, induit une véritable révolution tout au long de la filière électrique. Les fabricants ont anticipé cette évolution du marché en adaptant leurs outils de production et les installateurs jouent la carte du conseil en éclairage.

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C’est l’une des décisions attendues du Grenelle de l’Environnement. Les lampes considérées comme énergivores sont condamnées à disparaître en 2010. Premières concernées, celles à filament, c’est-à-dire à incandescence et halogènes, dont le rapport entre le rendement lumineux et l’énergie nécessaire pour obtenir ce dernier les place dans les classes allant de E à G. Elles seront donc progressivement remplacées par des lampes fluocompactes.

« La production de ce type de lampes consomme environ cinq fois plus d’énergie que celle d’une lampe à filament », relève la Fédération européenne des fabricants de lampes. « Mais sachant qu’une lampe fluocompacte a une durée de vie 6 à 15 fois supérieure à celle d’une lampe à incandescence, la quantité d’énergie finalement nécessaire correspond à celle utilisée pour la production de 6 à 15 lampes classiques. Donc, la production de lampes fluocompactes est moins énergivore que celle de lampes à incandescence. Plus de 90 % de l’énergie consommée par une lampe l’est pendant sa phase d’utilisation. Sachant qu’une lampe fluocompacte consomme 80 % d’énergie de moins qu’une lampe à incandescence classique, l’économie est évidente. » Selon les industriels, l’utilisation d’une lampe fluocompacte standard permettrait d’économiser environ 13 euros par an.

La fin programmée des lampes à filament, qui représentent en France 80 % du parc (avec 280 millions d’unité), induit une véritable révolution tout au long de la filière électrique. Les fabricants ont anticipé cette évolution du marché en adaptant leurs outils de production et surtout la qualité des produits proposés. Fini l’éclairage verdâtre et les 10 secondes nécessaires à la pleine luminosité de la lampe nouvelle génération. « Aujourd’hui, la couleur de la lumière d’une fluocompacte est comparable à celle d’une incandescente. Mieux, il est possible de créer des ambiances en jouant sur des températures de couleurs différentes », argumente Philippe Dramard, le directeur du marketing de GE Lighting. « L’esthétique a aussi été améliorée sans pour autant devoir changer de luminaire. Désormais de nombreuses formes sont disponibles. »

700 millions d’économie/anpour les villes européennes.

Même discours chez Philips Lighting, où l’on insiste sur les économies d’énergie. « Plus de 90 % du coût de l’éclairage est constitué d’énergie. Comme le prix de l’énergie augmente d’année en année, passer à des systèmes d’éclairage efficaces sur le plan énergétique permet d’économiser sur les frais d’exploitation. » Ces économies ne concernent pas seulement les applications résidentielles ou tertiaires : un tiers de l’éclairage routier en Europe est basé sur une technologie obsolète et inefficace sur le plan énergétique. En la remplaçant par des solutions d’éclairage modernes, les municipalités européennes réaliseraient des économies annuelles sur leurs frais d’exploitation pouvant atteindre 700 millions d’euros. Cette économie équivaut à 3,5 millions de tonnes de pétrole ou à la consommation en CO2 de 175 millions d’arbres.

L’idée d’une évolution d’un marché des lampes vers des produits énergiquement plus économes mais financièrement plus chers ne déplaît pas non plus à la distribution. De la grande surface alimentaire au grossiste électrique, tous ces intermédiaires ont bien compris qu’ils allaient pouvoir accroître leurs marges, que l’incandescence avait amoindries.

Pour autant, l’incandescence n’a peut-être pas dit son dernier mot : GE Lighting annonce une lampe incandescente à haute efficacité pour 2010. En attendant, et parallèlement aux lampes fluocompactes, les LED (diodes électro-luminescentes) investissent le marché, surtout pour des applications d’éclairage ponctuel. Notons toutefois que le rendement lumineux des LED blanches est relativement moyen : il est supérieur à celui des lampes à incandescence, mais inférieur à celui des lampes fluorescentes ou des lampes à décharge.

Une filière de recyclage. Paradoxe environnemental : la disparition des lampes à incandescence, faites essentiellement de verre et de fer, va se faire au profit de lampes contenant du plastique, des poudres fluorescentes ou encore du mercure. Un cocktail pas très « développement durable ». Afin d’anticiper les critiques, la filière a donc créé au début 2007 un éco-organisme pour l’élimination des lampes usagées. Baptisé Récylum, il regroupe 440 producteurs et distributeurs qui ont mis en place 5 500 lieux de collecte dans des points de vente professionnels et grand-public, mais aussi chez des électriciens ou directement dans des déchetteries. En un an, Récylum a récupéré 80 tonnes de lampes par semaine, soit 36 % des tonnages mis sur le marché l’an dernier. Les lampes collectées (tous types sauf celles à incandescence qui peuvent être jetées normalement) sont recyclées à plus de 93 %. En 2008, Récylum compte atteindre les 7 000 points de collecte et surtout 44 % des tonnages commercialisé en 2007.

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