Efficacité énergétique : les objectifs dans le bâtiment doivent être réajustés

L'Union française de l'électricité vient de publier, sur son site www.ufe?electricite.fr, une étude, toutes énergies confondues, sur le pilotage de la politique d’efficacité énergétique. L’UFE y propose en particulier de réorienter cette dernière afin de privilégier, les actions qui maximisent le rapport « économies d’énergie/capital investi », tout en permettant l’émergence d’une réelle politique industrielle.

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L’ordre de priorité des actions d’efficacité énergétique

Intitulée "L’ordre de priorité des actions d’efficacité énergétique", l'étude de l'Union française  de l'électricité publiée mardi 16 octobre sur son site www.ufe?electricite.fr, a pour but d'aider les professionnels de l'énergie, les consommateurs et les pouvoirs publics à développer une approche des potentiels économiquement accessibles, toutes énergies confondues, et de mettre en avant les investissements, privés ou publics, qu’il faut mobiliser pour atteindre tel ou tel objectif d’Efficacité Énergétique.

Par exemple, pour réaliser 178 TWh d’économie d’énergie dans le bâtiment, résidentiel et tertiaire, il faut investir 162 Mds€ d’ici à 2020, soit plus de 15 Mds€ par an. Pour mobiliser 89 TWh de plus, il faudrait mobiliser 365 Mds€ de plus. Or, malgré ces 527 Mds€ déboursés au total, il manquerait encore 13 TWh pour atteindre l’objectif du Grenelle dans le bâtiment. Dès lors : il faut chercher l'investissement le plus juste pour la rentabilité la plus importante.

L’étude, établie à partir des données opérationnelles issues de l’analyse des Certificats

d’Economie d’Energie réalisés, analyse aussi l’impact macro?économique des différents choix de politique en la matière : emplois créés, niveau de subvention par emploi créé, impact sur la balance commerciale.

L'étude de l'UFE dresse plusieurs constats :

1) la répartition des efforts par types d’utilisation de l’énergie en matière d’efficacité énergétique doit être revue

Le Grenelle faisait peser près de 90% de l’effort d’Efficacité Énergétique sur moins de 50 % de la consommation totale d’énergie en France, note l'UFE. Le transport (33 % de la consommation d’énergie) doit donc être réintégré dans les priorités d’action, même si les CEE ne sont pas le dispositif approprié pour ce faire. L’industrie (22 % de la consommation d’énergie) représente un potentiel d’économie annuelle de 65 TWh / an, non pris en compte dans le Grenelle, note également l'étude.

2) les objectifs dans le bâtiment doivent être réajustés en fonction de la capacité des filières à les assumer:

En effet, note l'UFE, dans l’état actuel des politiques publiques, les objectifs du Grenelle ne sont pas atteignables. Compte tenu de l’évolution économique et de l’impact des politiques publiques actuelles, les objectifs fixés dans le cadre du Grenelle surestiment d’environ 140 TWh / an les économies potentielles accessibles tendanciellement dans le bâtiment (Résidentiel + Tertiaire).

Seuls 34 TWh / an supplémentaires sont accessibles dans le bâtiment par le biais d’actions ayant un Taux de Rentabilité Interne (TRI - qui est destiné à être comparé avec le taux de rentabilité que l’investisseur souhaite obtenir) supérieur à 4%. Le potentiel non accessible dans des conditions économiques normales est de l’ordre de 90 TWh (avec un TRI inférieur à 4%, voire négatif).

3) le niveau actuel des prix de l’énergie ne suffit pas à rentabiliser la plupart des actions actuelles :

Pour l'UFE, il faudrait doubler, voire tripler le prix de l’électricité, pour déclencher les investissements sur les gisements d’efficacité les plus importants. De la même façon, il faudrait tripler, voire quadrupler le prix du gaz pour déclencher ces mêmes investissements. Seul le prix du fioul permettrait de dégager immédiatement des gisements significatifs supplémentaires.

4) enfin et surtout la véritable clé de la politique d’efficacité énergétique réside dans la capacité à assurer un financement global de plusieurs centaines milliards d’euros.

Pour réaliser les actions d’Efficacité Énergétique économiquement efficaces, il faudrait mobiliser 162 Mds€ / an, soit près de 20 Mds€ / an d’ici 2020. Le financement ne peut être assuré que par le client final : collectivités publiques propriétaires des bâtiments publics ; propriétaires privés.

Un dispositif financier ad hoc pourrait permettre de faciliter et de sécuriser ce financement.

Pour obtenir les 90 TWh supplémentaires économiquement non pertinents, il faudrait mobiliser 365 Mds€ d’euros supplémentaires, soit 40 Mds€ par an au total, sans, pour autant, atteindre les objectifs du Grenelle !

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