Si la période 2006-2009 avait été marquée par une forte croissance des marchés liés à l’amélioration énergétique et au développement des énergies renouvelables, 10 % en moyenne annuelle aux prix constants de l’année 2011, il n’en est pas de même sur la période 2009 et 2012, qui voit la croissance se réduire à 3,2% de croissance annuelle moyenne, sous l’effet de la réduction des financements publics et de la diminution du pouvoir d’achat des ménages. Dans l’état des lieux qu’elle réalise chaque année sur les marchés et les emplois relatifs aux principales activités liées à l’amélioration de l’efficacité énergétique et au développement des énergies renouvelables en France, l’Ademe relève donc « une croissance qui s’essouffle, mais qui reste positive ».

Les interventions sur le bâti tirent leur épingle du jeu
Concernant les marchés liés à l’amélioration énergétique dans le secteur résidentiel, la croissance connaît un recul de 9 % en moyenne sur la période 2006-2009 à 4,5% sur la période 2009-2012. Les différentes composantes de ces marchés ont des évolutions contrastées.
Les interventions sur le bâti sont soutenues par l’isolation des parois opaques, qui progressent de 6,5 % en moyenne entre 2006 et 2009 et de 5,8 % entre 2009 et 2012. Ceci est lié au fort développement de l’isolation par l’extérieur, qui, après une période d’apprentissage, commence à pénétrer plus largement le marché.
La croissance moyenne des marchés liés au remplacement d’ouvertures par des ouvertures plus performantes s’effondre de 9,4 % à 1,7 %; ces marchés avaient connu une forte croissance en 2007 et 2008, à la suite en particulier de l’arrêté du 3 mai 2007 fixant des performances minimales en cas de remplacement des fenêtres.
S’agissant des chaudières à condensation, il semblerait que le crédit d’impôt (même s’il est en baisse) allié à une offre maintenant connue du public et des artisans en termes de performance permette à ce type d’équipement de continuer à se développer, et ce malgré la baisse générale des ventes de chauffage à eau chaude constatée ces dernières années. Leur croissance annuelle moyenne approche les 8 % entre 2009 et 2012, même si l’on note un ralentissement par rapport à la période précédente (20 % entre 2006 et 2009).
Le marché des lampes fluocompactes enregistre pour la première fois une baisse en 2011 due à un taux d’équipement déjà conséquent, à une durée de vie importante et, semble-t-il, à une certaine désaffection des consommateurs au profit des ampoules LED et des halogènes.

Irrégularité du développement des EnR
Selon l’étude de l’Ademe, le marché des pompes à chaleur (PAC) qui avait fortement impulsé le développement des systèmes de chauffage domestique fonctionnant à partir d’EnR régresse fortement à partir de 2008.
Les systèmes dédiés à la production d’électricité (éolien, solaire photovoltaïque, y compris dans les applications individuelles) ont vu le montant des investissements fortement augmenter jusqu’en 2008-2010, du fait de l’éolien et du développement du photovoltaïque, et diminuer ensuite.

De façon générale, sur les marchés liés au développement des EnR, après le pic de 2011, la tendance apparaît nettement moins favorable pour 2012, qui devrait voir une baisse significative des investissements.
L’éolien terrestre continue à se heurter à des oppositions et à des contraintes réglementaires (200 MW seulement raccordés au premier semestre 2012) alors que les marchés de l’éolien offshore n’en sont qu’à leurs premiers pas. Les investissements dans les autres domaines (hydraulique, géothermie, valorisation de la biomasse, des déchets et du biogaz et développement des capacités de production des biocarburants de première génération) sont encore de moindre importance.

Stabilité des emplois
Alors que les emplois directs liés aux marchés suivis avaient progressé de 9,4% en moyenne annuelle entre 2006 et 2009. Leur croissance moyenne n’est plus que de 2,9% par an entre 2009 et 2012. Stabilisés à environ 310000 emplois, ils ne progressent quasiment plus entre 2010 et 2012

Alors que l’emploi dans les activités liées à l’amélioration énergétique des logements existants continue à progresser en 2010 et 2012 (+7,4% au total entre 2010 et 2012), l’emploi dans les activités liées au développement des énergies renouvelables (équipements et installation) baisse de 22% entre 2010 et 2012 et devrait se retrouver en 2012 à un niveau légèrement inférieur à celui de 2009. Cette baisse s’explique par la réduction massive des emplois dans le solaire photovoltaïque (baisse estimée à 14700 emplois, soit - 47 %, entre 2010 et 2012), l’éolien et les pompes à chaleur, tandis que quelques domaines connaissent de légers progrès (biogaz et bois collectif).


Globalement, relève l’Ademe, la croissance de l’emploi (+ 92500 sur la période 2006-2012) a surtout profité au BTP (+ 48000).

Des retards pris
Face à ces constats, l’Ademe s’interroge sur l’atteinte des objectifs fixés pour chaque secteur d’activité.
Dans le domaine de l’amélioration de l’efficacité énergétique dans le logement existant, le retard en termes de rénovations lourdes semble important (seulement 41000 Éco-PTZ pour la rénovation énergétique ont été distribués en 2011 et une estimation de 150 000 rénovations pour un objectif de 400 000 rénovations complètes par an à partir de 2013), mais n’a pas empêché des progrès significatifs, qui restent à soutenir.
S’agissant des énergies renouvelables, à conditions climatiques et hydrologiques normales, on estime à 5,7 Mtep l’augmentation de la production des EnR sur la période 2006-2012, pour un objectif national de 7,6 Mtep entre 2006 et 2012. Si les prévisions 2012 se confirmaient, un retard important par rapport aux objectifs 2012 s’observerait dans plusieurs domaines (solaire thermique individuel : 1,3 million de m2 installés, contre 3 millions prévus; éolien : de l’ordre de 15 TWh produits, contre 26 TWh prévus; et les biocarburants : 2,1Mtep produits, contre 2,8 prévus).
Dans le domaine du bois domestique et des PAC, les objectifs de ventes d’équipements respectivement 3,4 et 1,2 millions entre 2006 et 2012) seront approchés, sinon complètement atteints. Le Fonds chaleur a permis de dynamiser l’utilisation de la biomasse, mais demande à être pérennisé au-delà de 2012. L’impact de la RT 2012 sur la diffusion des équipements domestiques et collectifs reste à évaluer.