Elle devait être livrée pour cette rentrée, mais Covid oblige, les enfants du bourg de Saint-Pabu devront attendre la fin de l’année pour découvrir l’école de l’Aber-Benoît. Plus impatients qu’eux encore, les professionnels du BTP et les élus ruraux se bousculent à l’entrée du bâtiment conçu par l’agence nantaise Guinée*Potin avec le paysagiste Lalu et le BET Otéis.
Frugalité foncière
De sa participation à la densification du centre-bourg jusqu’à sa cour de récréation « non genrée », en passant par le recours aux énergies renouvelables (solaire photovoltaïque et chaudière bois granulés) ou ses procédés de construction utilisant des matériaux biosourcés comme le bois ou le chaume, l’équipement de 2,7 millions d’euros HT coche toutes les cases de la construction durable.
L’exemplarité résulte d’abord de l’intégration urbaine. A une trentaine de kilomètres au nord de Brest dans une zone Natura 2000 caractérisée par le site d’exception de l’Aber Benoît (une entrée de mer dans les terres), Saint-Pabu mérite son label Station verte. La commune a fait de l’environnement le fil conducteur de ses opérations d’aménagement.
Objectif du récent plan local d’urbanisme, la densification du centre-bourg se traduit dans l’opération à tiroirs qui inclut l’école dans un ensemble plus vaste : face à la mairie, une salle multi-activités remplacera les anciens services techniques déplacés en entrée d’agglomération.
Bois et chaume
Sur 916 m2, l’école proprement dite se compose de trois longères en bois, regroupées à l’ouest pour former l’espace d’accueil et le hall d’entrée. Le même matériau se décline sous toutes ses coutures : en ossature, charpente, plancher, chauffage (granulés bois), isolation (laine de bois), ainsi que dans l’aménagement intérieur. Le biosourcé se niche jusqu’en toiture avec, sur la partie sud visible depuis la mairie voisine, un pan entier en chaume.
En bac acier, les autres pans intègrent des panneaux photovoltaïques qui hissent les performances jusqu’aux labels de l’énergie positive, avec une production largement supérieure aux consommations estimées. « Malgré la différence de coût à la construction, les économies d’énergie générées sur 50 ans permettront un gain de plus de 435 000 euros par rapport à une construction RT 2012, soit 11 % d’économie » assure-t-on chez Brest Métropole Aménagement (BMA), maître d’ouvrage délégué.
Cour non genrée
Enfin, sur un tout autre registre, l’école de l’Aber-Benoît se positionne aux avant-postes de la parité avec une cour de récréation certes assez petite, mais pensée comme « non genrée », sans le traditionnel terrain de foot central. « On commence à constater une ouverture des élus sur ces questions » note l’architecte Hervé Potin.