Drone professionnel : quels capteurs pour quels usages ?

Pour les professionnels, l’intérêt des drones réside dans les équipements qu’ils embarquent. Ce sont ces instruments qui recueillent des données utiles. Tout d’abord limitée aux appareils photographiques et aux caméras, la gamme d’outils disponibles s'élargit au fil des années, et avec elle, les fonctions de ces petits aéronefs.

 

Réservé aux abonnés
Image d'illustration de l'article
Porté par un drone, un appareil photographique fournit des vues aériennes à moindre coût.

Tout perfectionnés qu’ils soient, les drones demeurent de simples véhicules. Sans capteurs embarqués, ils ne peuvent recueillir aucune information. Les applications professionnelles de ces engins dépendent donc des équipements prêts à décoller. Néanmoins, la machine n’est pas regardante, pourvu que les candidats n’excèdent pas un certain poids1. « Les aéronefs peuvent transporter tout type d’instruments, dans la mesure où leurs dimensions le permettent. La miniaturisation constitue ainsi le principal défi technique de la filière », confirme Benjamin Hugonet, directeur commercial de Redbird, un opérateur de drones spécialisé dans l’acquisition des données pour les entreprises.

Malgré cette contrainte, les appareils disponibles sont déjà en mesure de rendre des services intéressants au monde de la construction. Et le catalogue devrait encore s’élargir dans les prochaines années.

L’imagerie aérienne à la portée de tous

Avant d’attirer l’attention du BTP, les véhicules aériens télécommandés commencent leur carrière civile dans le cinéma ou la photographie. Les caméras et les appareils photographiques constituent donc les premiers capteurs embarqués. Plus que de simple gadget, cette combinaison marque une évolution importante dans la collecte d’informations. En effet, elle réduit le coût et les contraintes de la prise d’images aériennes.

Selon sa complexité, une prestation sera facturée entre 2 000 et 5 000 euros par jour. A ce prix, pourquoi ne pas assembler un grand nombre de clichés pour dresser la carte d’un chantier ou d’un bâtiment depuis le ciel ? En outre, la machine peut s’approcher à une dizaine de mètres de l’ouvrage. Elle fournit ainsi des vues bien plus précises qu’un avion.

Entre autres activités, la société Drone Expertise réalise régulièrement ce type de manœuvre. « Pour modéliser un pont par exemple, nous prenons entre 300 et 600 photos. Un logiciel reconstitue ensuite l’ensemble à partir des points remarquables de l’édifice », explique Guy Hoin, le gérant de l’entreprise.

Il s’attarde sur l’inspection d’une cheminée de 80 m de haut, symbolique à ses yeux de l’efficacité de la technologie. « En quatre heures, nous avons relevé les zones endommagées de la structure, sans aucun risque. Le procédé se distingue par sa sécurité et sa vitesse de mise en œuvre. La première fois, les clients ont recours à nos services par curiosité ou bien sous le coup d’un impératif urgent. Mais a posteriori, ils sont surpris par la qualité du résultat. »

Dans l’invisible : infrarouge, chaleur et gaz

L’imagerie aérienne par drone ne se limite pas à la lumière perçue par l’œil humain. Après analyse, les images capturées dans le proche infrarouge peuvent renseigner sur les espèces végétales présentes sur le terrain. Quant aux caméras thermiques, elles déterminent les températures des corps, l’instrument idéal pour repérer les déperditions de chaleur d’un site. En ces temps de rénovations énergétiques, cet outil commence à rencontre un certain succès auprès des bailleurs. « La demande augmente pour ces expertises. Un relevé avec un drone s’avère bien plus rapide d’une opération au sol », indique Benjamin Hugonet.

Autre domaine en pleine croissance, le contrôle de la qualité de l’air peut aussi bénéficier de l’apport des petits aéronefs. La jeune entreprise Cyleone fabrique la Cybox, une nacelle sur laquelle un utilisateur peut brancher plusieurs équipements différents, notamment des capteurs de gaz. Ces systèmes mesurent dans l’air les concentrations de poussières, de composés azotés, de composés organiques volatiles (COV), dioxyde de carbone ou bien encore le sulfure d’hydrogène. « Pour des évaluations fines, il est difficile de quantifier plus d’une famille de molécules par vol. Par ailleurs, ces appareils doivent être calibrés une fois par an », précise Guillaume Boguszewski, le créateur de Cyleone.

L’avenir appartient au laser

La filière ayant démontré son utilité, d’autres dispositifs prendront les airs dans la décennie à venir. Parmi les sonars et les outils de mesure des champs magnétiques, la télédétection par laser, ou light detection and ranging (Lidar) en anglais, devrait trouver sa place dans le secteur de la construction. Le système porté émet un laser en direction de la zone à représenter. La lumière est réfléchie par les éléments du terrain. Grâce au temps écoulé entre l’émission du rayon et la réception de sa réflexion, un ordinateur peut calculer les distances qui séparent l’engin de chaque composante de l’environnement. A partir de ces données, il construit une représentation en trois dimensions des lieux. Le Lidar présente en outre l’avantage de traverser le couvert des feuillages.

« En terme de vitesse d'acquisition et de précision, le Lidar affiche des performances supérieures à la photographie, analyse Benjamin Hugonet. Aujourd’hui, il pèse encore trop lourd pour les drones, mais la technologie progresse rapidement. Un capteur d’un kilogramme devrait arriver sur le marché dans les prochaines années. » Ces véhicules seront peut-être alors devenus des engins de chantier banals.

Newsletter Week-End
Nos journalistes sélectionnent pour vous les articles essentiels de votre secteur.
Les services Le Moniteur
La solution en ligne pour bien construire !
L'expertise juridique des Éditions du Moniteur
Trouvez des fournisseurs du BTP !