La saison du bois raméal fragmenté (BRF) bat son plein dans les massifs arborés de Disneyland Paris d'octobre à décembre. Thierno Bah, chef d'équipe du groupe phyto, supervise l'épandage dans les sous-bois plantés de pins et de chênes, près de l'hôtel New York. De l'autre côté du grillage, un camion benne 8 x 4 de 32 t a disséminé des tas à la benne preneuse de son bras télescopique. L'acheminement sur chaque chantier de gros volumes de BRF reste difficile car l'accès de poids lourds n'est pas évident.
250 hectares d'espaces végétalisés.
L'engrais vert confectionné à partir de déchets végétaux ligneux est ensuite étalé à la brouette et à la griffe en couche de 5 à 10 cm. Le « virage » du BRF a été amorcé en 2007 par la Direction nature et environnement de Luc Behar-Bannelier pour réveiller la vie naturelle dans les substrats assoupis par une vingtaine d'années de services intenses. Concilier gestion écologique et tourisme de masse ? La démarche n'a rien d'incompatible pour le parc d'attractions qui accueille chaque année 12 millions de visiteurs sur 1 000 ha dont 250 ha sont végétalisés. L'importance de ce décor dans le concept Disney a donc conduit à l'élaboration d'une approche adossée aux principes de développement durable.
Stimulation naturelle.
« Le moment était venu de chercher à réintroduire une vie microbienne dans ces sols créés de toutes pièces en 1992 sur des champs de betteraves », souligne Nathalie Bissonnier, ingénieur agronome exerçant la responsabilité de manager support du parc. Ces sols ne sont pas morts. Mais avec le temps, beaucoup d'entre eux ont tendance à rester biologiquement stables. Il s'agit donc de les stimuler naturellement. Le BRF crée les conditions du retour à la vie souterraine. Disneyland Paris concentre ainsi ses efforts dans la terre, milieu nourricier où le système racinaire puise l'ensemble des éléments dont les sujets ont besoin.
Des sondages pénétrométriques.
Pour conduire avec rigueur cette cure de régénération, les jardiniers procèdent à des carottages à la tarière jusqu'à 80 cm de profondeur. L'observation fournit de premières et précieuses indications sur l'état du substrat. Thierno Bah, exhibant une carotte extraite au pied du pin n° 56, immatriculé comme chacun de ses congénères constate : « il manque un peu de matière organique, mais la terre ne colle pas ». Ces observations de profil du sol sont complétées par des sondages pénétrométriques qui mesurent sa compacité, une analyse chimique complémentaire étant demandée le cas échéant mais pas systématiquement. L'ensemble des informations est regroupé sur la fiche individuelle de l'arbre. Disneyland Paris constitue ainsi une cartographie des sols par espèce. Selon l'état du sujet et de son substrat, une vingtaine de cheminées d'amendement peuvent être forées pour obtenir une amélioration rapide.
Premiers effets.
Les arbres sont classés sur une échelle de 1 à 5 en fonction de leurs besoins en eau. Les espèces qui ont demandé le plus de soin sont les Sequoiadendron giganteum, les Magnolia, Quercus palustris, Nothofagus antarctica et les Sciadopitys verticillata. Nathalie Bissonnier montre les premiers effets du BRF au bout de deux ans. « Le sol est élastique contrairement au sol nu qui a tendance à devenir dur et compact, jauge-t-elle en testant à pieds joints le tapis de matières végétales qui le recouvre. En surface, il est sec, mais en dessous, c'est humide et noir, signes d'un substrat actif. Et sur le prélèvement à la tarière, on voit très bien que le BRF de couleur sombre commence à migrer dans la terre ».




