A cinq minutes à pied du centre de Dinan (Côtes-d’Armor), la reconversion des casernes militaires Beaumanoir et Du Guesclin, désaffectées depuis 2001, franchit une nouvelle étape. Fin septembre, les 14 ha du site seront dotés d’espaces publics flambant neufs. « Les aménagements de ce futur quartier, qui combine logements, commerces, activités et équipements publics, sont ceux d’une ville durable, dans leur conception comme dans leur réalisation », explique Philippe Madec, maître d’œuvre du projet urbain. Tout est parti d’un marché de viabilisation, auquel l’architecte-urbaniste a répondu en 2004. Très vite est apparue la nécessité d’améliorer le lien entre les deux casernes, adossées de part et d’autre de la rue du 10e Régiment d’artillerie. Le plan de ZAC initial a été remanié, avec deux espaces publics raccordant les zones nord et sud : une place minérale attenante à l’ancienne cour d’honneur, et un bois planté d’1,4 ha à l’ouest du site.
Gestion économe. Première caractéristique de ces aménagements : la place faite au piéton et aux mobilités douces. En effet, la circulation automobile est gérée le plus possible à la périphérie du quartier. Les poches de stationnement en entrée de quartier sont accessibles par une simple desserte. Au pied de l’ancienne caserne Beaumanoir, qui sera reconvertie en cité administrative, la construction d’un parking souterrain de 220 places a permis de dégager en surface l’emprise nécessaire à une vaste esplanade pavée de granit. L’ensemble formé avec la place René-Pleven, elle aussi piétonne, est destiné à accueillir des usages événementiels : marchés, cirques, foires, bals… Reliant les deux casernes, cet espace public sert aussi de colonne vertébrale aux sentes piétonnes traversant le site d’est en ouest.
Une trame des mobilités douces se dégage alors, et se superpose à une ossature végétale très fournie. Plus de 1 500 arbres de haute tige ont été plantés, ainsi que 10 800 arbustes et 25 000 vivaces ! Pièce maîtresse, une coulée verte longe la route départementale et ses 13 000 véhicules/jour. Cet espace remplit différentes fonctions. Il fixe d’abord un lien urbain et paysager entre les deux casernes. Combiné aux sentes piétonnes traitées en stabilisé, il augmente aussi les surfaces pour l’écoulement des eaux de pluie, et limite les rejets vers le réseau d’assainissement. Enfin, c’est un lieu ombragé et confortable, dont les coûts d’entretien resteront limités : les vivaces ont été plantés en nombre afin de supprimer les besoins de fauche liés aux surfaces enherbées.
D’une gestion économe, ces espaces publics ont été aussi réalisés avec le souci d’en limiter l’impact environnemental. Première mesure : les végétaux plantés sont issus d’essences locales (genêts, fougères, chênes, noisetiers, peupliers noirs…), afin de ne pas modifier l’écosystème. Un travail d’approvisionnement a aussi été mené sur le granit mis en œuvre dans les espaces publics. Ainsi, trois carriers locaux ont fourni les 13 000 m2 de sols et les 9 000 m de bordures en granit huelgoat et languedia.
Limitation des démolitions. « Le marché, se montant à 1,7 million d’euros, a apporté un soutien à l’économie locale, et supprimé les émissions de dioxyde de carbone qui auraient été liées à un fournisseur plus éloigné », ajoute Philippe Madec.
Autre credo : la limitation des démolitions et le réemploi des matériaux issus de la déconstruction. Construites à la fin du XIXe siècle et bénéficiant d’une bonne orientation, plus de la moitié des surfaces bâties ont été conservées. Cette vision patrimoniale influe sur la programmation du projet urbain. Ainsi, au nord du quartier, l’ancien manège et ses imposants volumes pourraient être reconvertis en scène des musiques actuelles. Enfin, les matériaux du site ont été réutilisés au maximum : emploi de mâchefers en structure de voirie, enrobé de la cour d’honneur reconverti en sous-couche de trottoirs, murets et assises réalisés avec les pierres des bâtiments démolis... Econome en matériaux et en transports de déblais, cette démarche confère aussi au site une identité déjà particulière : « Avec ses pierres apparentes et sa qualité paysagère, le quartier, à peine aménagé, est déjà devenu un lieu de promenade », confirme René Benoît,maire de Dinan.



