Diminuer la consommation énergétique du secteur du bâtiment (plus de 40?% de la consommation d’énergie et le quart des émissions de gaz à effet de serre), généraliser la haute qualité environnementale dans les projets neufs ou en rénovation, développer l’écoconstruction et s’attaquer au problème des déchets du BTP et à leur recyclage. Dans la foulée du Grenelle de l’environnement, une grande loi d’orientation et de programmation sur le développement durable est annoncée avant l’été, des objectifs sont fixés dans le temps pour des bâtiments à basse consommation d’énergie et à production d’énergie positive. Les acteurs régionaux du BTP doivent se préparer à une véritable mutation dans l’acte de bâtir. Et le chemin à parcourir sera long sur ce territoire où la pression foncière, les choix d’aménagement et d’urbanisation, les retards de toutes sortes (transports, déchets, assainissement, énergies renouvelables) sont loin d’en avoir fait un modèle de développement durable et de prise en compte des exigences environnementales.
Aujourd’hui pourtant, la prise de conscience est bien réelle et les initiatives se multiplient. Les collectivités locales sont le « maillon fort » du développement durable par leur capacité à porter des projets exemplaires et à mettre en place des mesures incitatives. Par exemple, les 20 % de COS supplémentaire accordés aux opérations favorisant la haute performance énergétique et les énergies renouvelables dans l’habitat sont une mesure que l’on voit s’appliquer de plus en plus fréquemment. Les collectivités les plus importantes ont systématisé la HQE dans le cahier des charges de leurs projets. Les conseils régionaux, avec les programmes de construction de lycées, ont été les premiers à ouvrir la voie et les premiers retours d’expérience sont examinés. Des chartes pour la qualité environnementale des constructions ont vu le jour, comme celle du conseil régional PACA. Elle permet de guider les autres collectivités maîtres d’ouvrage dans leur démarche d’élaboration et de validation des projets. Des réseaux de coopération entre acteurs de la HQE sont également en place comme l’association EnviroBat Méditerranée (dotée d’un centre de ressources pour la qualité environnementale des bâtiments et de l’aménagement, une expérience pilote en France) qui a essaimé dans la région voisine avec EnviroBat Languedoc-Roussillon, récemment mise sur pied.
Pour les entreprises de BTP, le virage est aussi très important, que ce soit en termes de métier, de mise en œuvre de nouvelles techniques constructives ou d’organisation des chantiers. Pour Georges Dao, P-DG de Cari, qui a fait du développement durable le fer de lance de la stratégie de croissance de son groupe, « les entreprises de BTP ces dernières années se sont surtout attachées à former de nouveaux salariés, à réduire les délais de réalisation des chantiers mais elles ont peu investi dans l’écoconstruction. Il y a là un retard très important à rattraper ».
