Tous les opérateurs télécoms interrogés l'affirment : le choix d'une technologie numérique « haut débit » est déterminé par les priorités stratégiques de la collectivité locale concernée. « Degré d'indépendance vis-à-vis d'un opérateur télécom, accès permanent des entreprises au haut débit ou partage des accès avec les particuliers sont autant d'arbitrages à prendre en compte », selon Eric Fleurisson, directeur de la branche collectivités locales chez LDCOM.
Avant de bâtir quoi que ce soit, les opérateurs doivent effectuer d'autres choix, notamment celui de parcourir le « dernier kilomètre » en utilisant une technologie alternative ou en ADSL. Cette dernière est la plus usitée : elle ne nécessite en effet qu'une « légère » intervention de dégroupage sur les répartiteurs du réseau téléphonique. Ce dégroupage permet à un opérateur alternatif d'utiliser les lignes de France Télécom soit, fin 2003, 23 millions des 33 millions de lignes actives en France.
Le choix essentiel d'une option de dégroupage
Le choix d'une option de dégroupage est également essentiel. Il en existe trois, offrant une palette de choix entre indépendance vis-à-vis de France Télécom et coûts d'investissement : les opérateurs alternatifs - partiellement dépendants de l'opérateur historique et de son fulgurant déploiement en technologie ADSL - doivent, en effet se positionner par rapport à lui. « L'option 5 » implique une dépendance totale : le fournisseur d'accès à Internet (FAI) ne construit aucun réseau puisqu'il se repose totalement sur celui de France Télécom. A l'opposé, « l'option 1 » propose un dégroupage total de la paire de cuivre. Dans ce cas, les opérateurs alternatifs maîtrisent de bout en bout le trafic haut débit, voire plus car ils peuvent fournir du HDSL (High bit rate DSL) ou du VDSL (Video DSL). Ils utilisent leurs propres équipements et se contentent de louer la ligne d'accès. Le dernier choix, « l'option 3 », constitue une solution intermédiaire. Chez Cegetel, Jean-Marc Dubrunfaut, directeur des réseaux dédiés, indique privilégier le dégroupage en « option 3 » : « Cette solution nous permet de proposer, rapidement, une offre concurrente à celle de France Télécom tout en limitant nos investissements. Nous achetons à France Télécom une prestation de transport du flux Internet sur sa boucle locale. Nous récupérons le trafic au répartiteur téléphonique local, puis régional et ensuite nous l'aiguillons sur notre propre réseau longue distance ».
Ces réseaux, construits en fibres optiques, permettent de connecter les boucles locales au réseau mondial. Les cartographies de ces épines dorsales de l'Internet épousent souvent d'autres réseaux, autoroutier, ferroviaire, voie navigable ou, depuis quelques mois, de transport électrique.
Ces réseaux constituent le maillage de base d'un opérateur, faisant double emploi parfois avec celui de France Télécom, mais dans une configuration plus moderne et performante. Par exemple, le réseau national de LDCOM représente 14 000 km de câble. Celui de Télécom Développement (Cegetel/ SNCF) s'étend sur 21 000 km et offre 550 points d'entrée dans l'Hexagone, 550 possibilités de développer une boucle locale.
Les opérateurs privilégient bien sûr les zones denses à fort potentiel commercial. Charge à la collectivité locale « oubliée » du haut débit, généralement en zone rurale, de persuader l'opérateur de s'arrêter chez elle. Cependant, desservir cette collectivité est complexe et coûteux. Pour créer une liaison à partir de « l'épine dorsale », l'opérateur doit mettre en oeuvre des technologies alternatives (satellite, Wi-Fi, WiMAX) pour limiter les coûts et les travaux. Pour l'opérateur, il s'agit aussi d'assurer un minimum de qualité de service, tout en conservant une relative pérennité des équipements.