Des mots d'auteur sur l'architecture (3/5) : Didier Daeninckx

L’architecte est-il le seul à pouvoir parler d’architecture ? La question est permise au moment où les professionnels s’apprêtent à prendre la parole lors de la clôture des premières universités d’été de l’ordre des architectes, à Marseille le 16 octobre mais aussi les 17 et 18 octobre, à l’occasion de la 2e édition des « 24 heures d’architecture », dans la même ville. Quelques semaines après la rentrée littéraire, « Le Moniteur » a proposé à cinq romanciers d’évoquer leurs liens avec les bâtisseurs de villes. Jusqu’au 16 octobre, ces auteurs livreront leur définition de la discipline. Ils parleront des objets de leur fascination, sans oublier de rappeler leurs attentes. Aujourd’hui, l’auteur de romans noirs Didier Daeninckx parle de son attachement pour la banlieue.

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Didier Daeninckx

« Quel est le rôle de l’architecte, si ce n’est construire la ville, c’est-à-dire cet endroit assez curieux où nous pou­vons être ensemble tout en restant anonymes ? La ville, c’est le contraire du village, où les rideaux se soulèvent dès qu’un inconnu passe dans la rue. Seulement, voilà… Aujourd’hui, je vois les villes devenir des ensembles de petits villages accolés, dotés de bar­rières et d’esprits de territoire. Les architectes ne sont évidemment pas comptables de tout mais ils accompagnent ce mouvement. De même, je ne les considère pas comme les responsables de l’absence de concertation dans le développement des grands projets. Tout un système conduit à ce qu’on ne donne jamais la parole aux gens qui verront leur environnement et leur vie transformés.

« Avoir une connaissance intime des lieux »

Néanmoins j’ai­merais que les architectes, spontanément, s’intéressent davantage aux lieux où ils vont intervenir, qu’ils aient une connaissance intime de leur histoire et de leurs habitants. Mais il est des territoires avec lesquels on ne prend pas de gants quand il s’agit de démolir. Ainsi, on en est toujours à considérer la banlieue comme dénuée d’his­toire et de mémoire. J’y vis et je le constate au quotidien, en me pro­menant dans ces endroits où l’on construit beaucoup, comme Plaine Commune et le site du futur campus Condorcet, à Aubervilliers. Le passé industriel ou maraîcher de ces lieux a pourtant une légi­timité. Alors il y a des gestes importants comme, à Saint-Denis, lorsque Luc Besson installe sa Cité du cinéma dans une ancienne usine électrique, ou que l’on envisage d’établir l’école d’architecture de Paris-La Villette dans les « cathédrales du rail » de la SNCF. »

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