Des matériaux de construction à base de coquillages

Le jeudi 16 octobre, dans le cadre de la 23e Fête de la science, l’ESITC de Caen organisait une conférence joliment intitulée «Des coquillages pour la construction». Béton à base de coquillages comme substituts aux granulats, récifs artificiels, écopavés drainants… les pistes sont nombreuses pour les chercheurs de l’ESITC qui commencent à voir certains de leurs travaux passer au stade industriel.

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De petits échantillons de récifs artificiels sont testés sous l’eau, dans la Manche, permettant aux chercheurs d’observer la colonisation par la flore et la faune.

«A la suite du projet Vecop, nous avons déjà pu produire des pavés drainants et nous réalisons notre premier chantier test», annonce Mohamed Boutouil, directeur de recherche. Ces pavés, qui contribuent efficacement à la reconstitution du cycle naturel de l’eau en favorisant leur infiltration in situ, pourront par exemple être destinés à des usages sur des zones à faible trafic ou à moindres contraintes (parkings, bordures, trottoirs, rues piétonnes, etc.).

250 000 tonnes de déchets

Les espoirs des chercheurs portent aussi des solutions de valorisation des coquilles vides en récifs artificiels. C’est le projet Recif. Piloté par l’ESITC et doté d’un budget total de plus de 2,7 millions d’euros, ce projet a été sélectionné dans le cadre du Programme européen de coopération transfrontalière Interreg IV A France (Manche)-Angleterre, cofinancé par le Fonds européen de développement régional (Feder). «Nous visons plusieurs objectifs: la valorisation des coproduits marins, le développement de matériaux de construction pour les récifs artificiels et l’amélioration de la biodiversité dans la Manche», explique Mohamed Boutouil, coordonnateur du projet. «Nous avons commencé par organiser la filière de valorisation. Jusqu’à aujourd’hui, ces coproduits coquilliers étaient considérés comme des déchets» poursuit-il. Des «déchets» estimés à près de 250 000 tonnes par an, dont 50 000 tonnes en Basse Normandie, première région avec la Bretagne en termes de débarques de produits coquilliers marins tels que les coquilles Saint-Jacques, les pétoncles et les huîtres. A ces quantités s’ajoutent des gisements massifs de crépidules estimés à plusieurs millions de tonnes sur le littoral breton, bas-normand et vendéen.

Conférence internationale

Un séminaire de mi-parcours a permis de confirmer la bonne colonisation par la flore et la faune des échantillons testés en mer. «Nous allons pouvoir tester les matériaux à l’échelle 1», annonce Mohamed Boutouil. La société TPC (Vinci construction France) a réalisé 12 modules de plusieurs mètres cubes qui seront mis en place début 2015 par EMCC, autre filiale du major. Nul doute que ces écorécifs seront scrutés par les chercheurs du monde entier qui se réuniront à Caen, du 27 au 29 janvier 2015, à l’occasion de la conférence internationale intitulée «Les récifs artificiels: des matériaux à l’écosystème».

Cet article a été publié dans «?Le Moniteur?» n° 5787 du 24/10/2014, p. 76, disponible ici (accès abonné).

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